Bernard Pinault - mécène et PDG dans l’industrie du luxe, Jacques Servlé - PDG d’une multinationale du médicament, et Günther Von Hagens - inventeur d’un procédé de plastination de cadavres, passent commande à un artiste africain, Paul Magamé, d’un mémorial aux victimes du génocide rwandais. Connu pour son travail d’hyperréaliste animalier, Paul Magamé vit une crise profonde. La commande tombe à point. Il y voit une chance de changer de style et imagine “quelque chose” de conceptuel : « une oeuvre fermée sur elle-même, qu’on ne peut visiter que sur internet ». En se rendant au Rwanda dont il est originaire, il découvre que son père était Tutsi mais que sa mère, elle, était une Hutu. Il est donc à « moitié victime, à moitié bourreau ». Au milieu des chants d’oiseaux, il entend et enregistre les voix des suppliciés du génocide. Fort de ce message, il travaille à son installation. Mais la commande stipule qu’il doit absolument requérir un écrivain célèbre pour rédiger la plaquette du mémorial. À Versailles, le temps d’une brillante soirée où se croisent Jeff Koons, François Pinault, Molière, Jean Genet, Jacques Servlé, Michael Jackson, il rencontre Michel Houellebecq, qui vient d’obtenir le prix Nobel. Sa signature n’a pas de prix, et les commanditaires du mémorial sont prêts à tout pour l’obtenir. Mais Houellebecq se défausse : il ne trouve pas d’explication au génocide. Paul se rebelle et prend la responsabilité de mener seul son projet à terme. Günther Von Hagens lui propose de faire paraître au milieu du mémorial un cadavre de Tutsi supplicié à la machette. Malentendu qui débouche au final sur une création véritablement inouïe : un hommage aux victimes de tous les massacres… passés et à venir… une trace du génocide que les hommes font subir à la nature sauvage.

Philippe Adrien et Jean-Louis Bauer