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Britannicus

+ d'infos sur le texte de Jean Racine
mise en scène Xavier Marchand

: Note d'intention

Si je devais un jour monter une oeuvre classique, c’est sur Racine que je me pencherais. Cette réflexion que je me suis fait au fil des années, après avoir monté tant de textes non dramatiques, se concrétise aujourd’hui et me pousse à me confronter à la force de cette écriture dramaturgique imparable.


Britannicus


J’ai sous les yeux mes enfants en proie à cette période d’évolution et de mutation qu’est l’adolescence. Premiers amours, afflux des désirs, passions aussi soudaines que leur abandon, confrontation à l’autorité, doutes, tout cela avive la question lancinante de leur devenir et comment se forge leur personnalité.


Ces questionnements, ces états, souvent violents, ont bien des échos dans Britannicus, en particulier attachés à la figure de Néron, pris dans les mailles d’un filet d’influences contradictoires. Sa mère avide de maintenir son pouvoir, ses conseillers attisant chacun un aspect de sa personnalité, son rang usurpé, ses pulsions de désir et sa jalousie, trouvent chez cet être en mal d’être aimé un terrain propice à créer l’archétype du monstre sanguinaire qu’il va devenir.


La trame de Britannicus questionne bien cette alternative du bien et du mal à laquelle Néron est confronté. Racine en fait la tragédie d’une efficacité redoutable, concentrée dans une antichambre de la parole, du matin au soir, sans action visible, qui rend la lecture si haletante. Enfin, dramaturge, Racine donne au spectateur le rôle complice et voyeur de cette construction complexe. Quant à la langue, magnifique, elle reste un vrai défi.


Bérénice


Combien d’exemples avérés d’hommes que le pouvoir transforme ?


Dans Bérénice, cette pièce folle « où rien ne se passe », le choix auquel est confronté Titus est aussi une alternative : la fidélité à la loi s’oppose à la fidélité due à Bérénice. Sous couvert de sacrifice, c’est à l’histoire d’une répudiation non assumée à laquelle on assiste et au lent processus qui mènera Titus de son projet à sa réalisation : le sacrifice de son amour chancelant à l’opinion publique.


Le vrai sacrifice est bien celui de Bérénice qui acceptera ce renoncement dans l’illusion de devenir une figure historique et mythique. Elle l’est devenue, par cette tragédie, dans le champ du répertoire classique.


Là encore, avec le charme qui nous attache à cette figure, il y a celle de la langue, qui se déploie pure, lente, musicale et constitue un véritable enjeu.


Pourquoi monter les deux ?


J’y vois deux variations sur le thème de l’évolution intérieure que le pouvoir engendre.


Le souvenir des Molière(s) de Vitez m’est encore présent à l’esprit comme expérience marquante de spectateur fondée sur l’intérêt de voir les mêmes comédiens s’emparer de rôles différents d’une pièce à l’autre dans un décor unique. Et l’autre souvenir est la Bérénice inoubliable de Grüber ! J’assume de prendre ces deux hommes du théâtre comme modèles, (Racine s’est bien inspiré de Tacite pour écrire ses deux tragédies !) puisqu’ils ont su rendre la quintessence de ces textes, faisant basculer les laborieuses études scolaires dans l’oubli. C’est à peu près la ligne que nous allons nous fixer.

Xavier Marchand

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