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Bled

+ d'infos sur le texte de Daniel Danis
mise en scène Charly Blanche

: Présentation

L'histoire


Bled est un Petit Poucet moderne qui va à la rencontre du monde. Une famille est sur le point de se faire expulser. Elle charge le plus jeune de ses fils, Bled, de trouver une nouvelle demeure. L’enfant part en mission, seul, avec pour unique lien entre lui et les siens un téléphone mobile volé à l’un de ses frères. Bled est un Petit Poucet moderne, qui s’en sort à la force de ses rêves. Seul, à la rencontre du monde, il se crée des compagnons avec qui il dialogue, avec qui il chemine. Il parle fort pour rompre le silence, vaincre sa peur et retrouver au final le chemin de la maison.


Note d'intention et pistes de travail


Avec « Bled », je m’empare de la langue de Daniel Danis qui a cette rareté crue du quotidien contrebalancée par un imaginaire poétique fort. Cette histoire revisitée du Petit Poucet se passe aujourd’hui dans une banlieue. De par son thème elle questionne l’idée d’intégration, comment accepter cet « autre. »


La pièce s’inscrit entre l’urgence de trouver des racines pour pouvoir grandir, convoque un patrimoine collectif qu’est l’universalité des contes, et le regard cruel posé sur le monde réaliste « adultisé » dans lequel nous vivons…Un travail sur la représentation de l’enfant seul au milieu d’une multitude d’images, les siennes, mais aussi celle de notre société, reflet d’une sollicitation incessante. Bled est noyé par ces images qui mettent en exergue le sentiment de solitude profond qui habite un jour chaque enfant. Comment lutter, comment s’inventer des personnages pour affronter les épreuves ?


Bled, le bled, ce village lointain, égaré où on ne prend pas même le soin de le nommer. Ce « bled » pommé d’où l’on a été déraciné. Un bled qui ne nous reconnaît plus quand on y revient. Bled, une quête de soi dans un monde mal ajusté, son Bled, son pays intérieur, forger un soi à sa taille.


« J’habite dans ma tête, je demeure dans mes mots. »


J’aime à dire que « nous sommes des marcheurs d’étoiles » pour parler d’une vie qui s’inscrit dans sa vérité, dans sa beauté ; un endroit où l’on foule les étoiles qui s’alignent sous nos pieds pour ne pas tomber. Ce chemin d’étoiles, c’est Bled. Il foule une terre ingrate pour aligner ses étoiles, le cœur à la main.


Bled « vomit son cœur qui ressemble à un caillou. » Le cœur, Ti-Coeur, devient alors personnage et partenaire de jeu. En guise de caillou pour retrouver son itinéraire, il prend des « photos du chemin » à l’aide de son téléphone portable. A chaque intersection, il fixe l’image, instant marqué en conscience des premières prises de décision. L’abandon des parents le missionnant pour aller chercher une belle maison se transforme en voyage initiatique où Bled cherche son toit / son toi...


Pour moi, ce périple se déroule sur place, dans les limites de l’imaginaire du personnage. Nous ne sommes plus dans la forêt du Petit Poucet que nous connaissons bien. La terre s’étend aux parcelles de rêve générées par Bled. Ce parti pris impose un point de vue « subjectif », aussi la façon d’aborder la vidéo et les animations vont de pair. Nous sommes « in » la tête du jeune garçon. Tout va être flouté, déformé comme la vision d’un enfant sur le monde avec des variations de tailles, plus ou moins importantes, suivant les armes imaginaires qu’il déploie : Shed finit petit comme un pouce, Bled vole à califourchon sur la maison trouvée, les lampadaires grimpent dans le ciel, le cœur marche hors de lui comme un satellite…


J’ai envie de parler de la Famille. Des liens familiaux, conventions auxquelles on se plie, comme une représentation où chacun tient son rôle. Et si tout cela n’était qu’un grand théâtre ?! D’ailleurs les autres personnages ne sont que figurines comestibles mises en scène par Bled. J’ai envie de questionner avec les enfants l’idée vaste mais universelle de : qui suis-je ? Quelle est ma place ? Tout en préservant une grande légèreté, une beauté visuelle. Je souhaite donner à chacun l’envie de s’accrocher à ses rêves, où la résilience est toujours possible. Tendre vers l’idée que chacun a la capacité de retrouver une lumière. J’aime ce personnage de Bled, vif et plein d’esprit. Dans le traitement au plateau nous nous accrocherons à ce langage fourni et joyeux pour parler d’un sujet un peu plus lourd mais au combien universel. Je ne veux pas d’un spectacle sombre ! Ce texte me touche profondément. Je crois que j’aurais aimé l’entendre plus jeune pour me donner de la force dans les moments difficiles, alors c’est aujourd’hui que je décide de le porter pour les autres.


Je veux donner à voir l’instant où l’enfant qui idéalisait ses parents perçoit leurs failles, dont il est lui-même potentiellement détenteur. Je veux interroger cette charnière où Bled prend conscience que ses parents ne sont pas des super-héros ; d’où découle son sentiment d’injustice…mais plus encore le sentiment premier d’être seul face au monde. Quelles armes se forge t’il pour transcender cela ? A travers la quête de Bled se dessine cette frontière ténue entre l’amour familial et l’instinct de survie. Que dois-je délaisser pour ne pas m’abandonner ? Que dois-je abandonner pour ne pas y laisser ma peau ?


L’image première de Bled sera celle d’un enfant avec sur la tête, l’immeuble de sa banlieue, prisonnier de sa cité. Morceau de la maquette qui se composera ensuite, outil filmique miniature qui devient toile de fond du décor. L’espace scénographique lui est épuré : des stores « californiens » à bandes avec, au centre du plateau, un tapis roulant. De la boite mentale à la boite de scène, un grand cube se déploie créant un espace de jeu et de projection. Tout défile au rythme de la marche de l’acteur sur son tapis.


Bled joue tous les personnages, représentation des différentes facettes de lui-même, qu’il apprivoise doucement. « Une ombre s’échappe du corps de Bled ». Cette ombre, c’est Shed, cet homme violent et dévorant. Rencontre de son double jusqu’alors endormi. Je veux rendre ces personnages « invisibles », partiellement visibles. Nous ne percevrons que leurs voix où parfois des présences diffuses. Pour cela nous nous appuierons sur des techniques de Light motion, où la lumière fait apparaître les images vidéo choisies.


L’histoire se tisse en inter-action entre les multimédias et l’acteur : animation du décor en vidéo et film en live du personnage sur scène par lui-même. Le défi étant de faire parler l’image, la mettre en jeu au service du spectacle vivant et générer un nouveau regard s’appuyant sur des outils technologiques actuels. La création sonore en Live prolonge la démarche de construction « hic et nunc »


Une quête à la recherche d’un toit où Bled devient maison de son propre monde et finit par avaler ceux qu’il aime. « Venez habiter ma tête entière et vivons tous ensemble (...) Mes familiers vivent dans mes pupilles. Mon cœur dort dans ma poitrine tranquille et sous mes cheveux embroussaillés maintenant loge, paisible le petit Shed, le monster. » Charly Blanche – Août 2018


Matière vidéo et animations


« Photo du Chemin » Les cailloux du Petit Poucet, Bled, sont remplacés par un téléphone portable qui capture les images du chemin que le personnage emprunte. L’auteur a fait le choix d’introduire un objet technologique, le Téléphone, variation contemporaine qui nous pousse dans la démarche de mise en scène à confronter l’acteur à la matière Visuelle, support de l’imaginaire qui dessine les espaces.


Nous créons un système vidéo pour que la lumière soit déclencheur des images et capture de la vidéo pour pouvoir imprimer différentes couches d’images et dessiner la matière


Nous utiliserons deux types de traitement vidéo :


  • La projection d’images filmées retravaillées avec une animation des personnages et des paysages, le tout dans une esthétique « crayonnée » comme un dessin.
  • L’utilisation par l’acteur d’une caméra en live pour se filmer, filmer la maquette des paysages et personnages qu’il anime. Dans la forêt par exemple, on voit Shed le petit bûcheron en train de plumer le Hiboux. Les images dans la maquette sont projetées sur la structure du décor en grand. Relai de taille et de dédoublement d’images.

L’espace scénographique « Scénographie Linguistique »


La pièce « Bled » brasse une multitude d’espaces qui naissent au fil des mots que le personnage prononce. Des « images linguistiques» se tissent durant le périple. Une expulsion, la quête d’une maison, une famille « sans logique » J’ai choisi un espace scénographique qui s’arrache aux espaces requis par le texte (forêt, banlieue...) Nous tenterons de créer un monde à la mesure de l’espace mental de Bled, à l’intérieur de lui. Nous déclinerons cette histoire de « chemin », façonné par l’imaginaire d’un enfant.


Les images qui me viennent quand je parle de « parcours », de « chemin » lié à l’enfance sont : une marelle, un rail de train, les rails des manèges de fête foraine, une table de salle à manger. La table est aussi le lieu de rassemblement de la famille, des dits et non-dits, lieu où l’on mange, dévore, comble un vide… Le décor sera fait de stores californiens (languettes verticales qui pivotent.) Stores sur lesquels on projette les animations, matière amovible qui laisse apparaître derrière les personnages/ombres. Les stores forment un Cube unique, espace enfermant sur lequel on peut grimper. Un cube, comme la tête de Bled, comme cette banlieue close dont il ne peut s’échapper, comme une cabane où l’on s’invente une vie. Au sol un tapis roulant incliné comme un tremplin. Le personnage peut donc dérouler son parcours, courir dans cet espace réduit et la vidéo peut suivre cet élan, capter ses mouvements…Dans un coin une maquette de la banlieue de Bled figurera et un musicien sera présent, baigné d’instruments.


Les mesures « Miniatures / Fragments de corps zoomés. »


Fragments > Les parents n’apparaissent qu’en morceaux de corps, ils sont immenses en jeu d’ombres à travers les stores, seules leurs jambes sont représentées… Egalement, sur son parcours, Bled filme en live des parcelles de son corps.


Miniatures / Maquette >Sur scène, une miniature des paysages traversés par le personnage. Il utilise la maquette pour construire son récit, comme un enfant qui joue dans sa chambre avec ses figurines. C’est aussi le moyen de traiter les rapports de taille et les envolées :


Bled – Ta maison ? Fais-moi rire, je ne pourrai même pas y loger ma tête d’enfant Shed – Ta tête pleine d’images l’agrandira.


Ces miniatures seront alimentaires, clin d’oeil au conte originel avec ses miettes de pain. Mais surtout aborder l’idée de faim, au pays des « dévorants. » Dans cette pièce tous sont affamés. Il m’apparaît intéressant de côtoyer la matière alimentaire au plateau. Autour de cette miniature s’ajouteront, à mesure que le personnage avance des morceaux de rail de train pour former, au final, une boucle où le train pourra circuler… chargé de sa caméra.

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