Pierre Guillois a dirigé le mythique Théâtre du Peuple à Bussang de 2005 à 2011 où il a mis en scène des spectacles souvent étonnants, voire même parfois bizarres comme Le Gros, la vache et le mainate, présenté au Théâtre de la Croix-Rousse en 2012. Aujourd’hui artiste associé au Quartz de Brest, il propose une autre curiosité : une histoire sans paroles.

Pour ce spectacle muet, qui vient s’inscrire dans la longue lignée du burlesque, le revoilà comédien, entouré d’Agathe L’Huillier et d’Olivier Martin-Salvan (autre original venu aussi à La Croix-Rousse avec Ô Carmen en 2013).

Trois personnages : deux hommes, une femme, elle très belle bien sûr, eux plutôt moches mais très gentils. Ils cohabitent, malgré eux, dans un tout petit espace, des sortes de chambres de bonne. Ils se chamaillent, se détestent et s’aiment plus que tout.

Ils s’inventent des vies miraculeuses et poussent leurs rêves jusqu’au cauchemar, se réveillent, se cognent à la réalité, à la vie. Ce sont des guignols, des zinzins, des rigolos, mais leurs interprètes leur donnent chair et humanité. Le spectacle bascule ainsi constamment des vies imaginaires à la vie pour de vrai ou presque.

Ils nous font rire mais suscitent une réelle sympathie et on a peur pour eux, avec eux, jusqu’à ce qu’ils retombent sur leurs pattes... jusqu’à la prochaine fois. Et cela va vite, cette accumulation de dérives, de joies, de folies, de catastrophes, d’inquiétudes, de dangers.

Et eux, tous les trois, ils ne disent pas un mot certes, mais ils s’exclament, ils crient, ils soupirent, et tous ces rêves, toute cette vie, s’accompagnent de vacarme, de bruits, de sons, de chants ou de leur musique à eux.