« Bidules/Trucs, ce titre me chatouille les zygomatiques, me laisse une douce saveur sur les lèvres, m'inspire de la facétie et m'enveloppe dans un uns décalé, onirique, où se côtoient un humour déjanté et une tendre poésie, où se dessine un théâtre de l'absurde, un théâtre aux tendances baroques, un détournement du théâtre par le grotesque, un univers rempli d'un souci d'esthétisation.
Petite collection de fables qui m'évoquent avec cruauté et humour notre monde contemporain, nos plaisirs, nos maladresses, nos pulsions, nos faiblesses, nos croyances et non croyances, nos mensonges, nos silences, nos refoulements, nos regards sur l'autre, nos regards sur nous-même.
J'ai voulu créer un parcours initiatique à l'intérieur de cette collection de fables, il n'était pas question de les séquencer. J'ai donc choisi 6 fables (Le lion et l’enfant, Une révolution, L'éléphant de mer et sa fille l’otarie, Pas de grenouilles sans têtard, Le loup et l’enfant, Le vieil homme et la rose) à travers lesquelles m'est apparu l'évidence du thème central : la dualité du passage de l'enfance à l'âge adulte. C'est donc devenu l'histoire d'une famille (un père, une mère, une fille, un fils) évoluant à travers le temps. Les deux enfants grandissent, tâtonnent leur désir naissant d'émancipation, d'indépendance, de liberté, mais pour ce faire ils ont besoin de recueillir certaines réponses auprès de leurs parents, et tentent de les conduire vers le monde réel, le monde où on règle les choses, les non-dits, les questions. Mais les parents de Bidules trucs s'accrochent à l'autre monde, le monde irréel, le monde du rêve, le monde où tout est permit, le monde de Monsieur et Madame Bidules trucs. Des parents qui ne veulent pas grandir ? Est-ce bien les seuls aujourd'hui ?
Ainsi notre famille évolue, chaque personnage se questionne, se cherche, s'entrechoque, tente de se rassurer, se provoque, bref vit. C'est tout simplement l'histoire d'une famille, certes pas comme les autres, mais une famille tout de même.
Caricature, satire sociale et familiale, Bidules/ trucs réinterroge la fable, apporte un autre regard sur l'écriture jeune public. Sa cruauté m'interroge dans mon rôle de metteur en scène jeune public, à savoir comment apporter de l'amusement, de la légèreté, de la poésie tout en faisant voir et entendre toute la cruauté et la gravité de l'enfance.
J'ai puisé alors vers une poésie effrontée, vers un langage visuel lié d'audace et de cruauté.
Ca croustille, ça émoustille, ça chatouille, ça pique, ça grince, ça chavire, ça défraie la chronique ... c'est tout ça Bidules trucs. « Sire, Sire, c'est la révolution Sire... »

Céline Deest Coirre