Pour créer, Maguy Marin s’enferme en studio avec son équipe d’interprètes et de collaborateurs, et tout vient de là, de ce qui surgit en répétitions. Ainsi pour BiT, son équipe a-t-elle travaillé une matière fondamentale : le rythme. Maguy Marin explique : « La vie humaine peut être envisagée comme une forme en constante mutation, ‹ un chemin qui marche ›, comme le dit Paul Klee, une suite d’instants qui sont comme les pulsations d’un rythme plus vaste, à l’échelle d’une vie. » Sur la bande-son techno, puissante, répétitive, entêtante, du musicien Charlie Aubry, dans un décor sobre constitué de plans inclinés, la chorégraphe rend compte de notre monde en folie avec six danseurs. Ils sont pris dans une chaîne humaine qui traverse quantité d’états et de situations : de la joie à l’éreintement, de la fête à l’exode, de l’empathie à la violence. Très théâtrale, voire même par moments picturale, Maguy Marin active tout autant la mémoire de situations archétypales que la brutale actualité de conflits en cours. Sa manière de les agencer fonctionne comme un révélateur de nos violences sociales. Et l’humanité qu’elle fait cascader sur ce décor incliné ne semble valoir que par la solidarité.