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Bérénice

d'après Bérénice de Jean Racine
mise en scène Charles Di Meglio

: Présentation

Parmi les nombreuses critiques qu’a essuyées Jean Racine à la création de la pièce en 1670, la principale lui reprochait d’avoir oblitéré l’action secondaire, indispensable à toute tragédie au dix-septième siècle.


A vrai dire, il ne l’a pas fait disparaître, mais tellement imbriquée à l’action, comme dans aucune de ses tragédies, et comme aucun de ses contemporains ne l’avaient fait auparavant, que l’histoire d’Antiochus semble ne faire qu’une avec celle de Titus et Bérénice. Ainsi liés, ils font à eux trois toute l’action, les accidents introduits par les autres personnages étant si peu nombreux, que le trio se suffit à lui-même et fait toute la tragédie à lui seul.


Si le spectacle est né d’une volonté de permettre de voir une tragédie racinienne à des élèves dont l’accès au théâtre est difficile, il ne s’agit pas d’une version pauvre de la pièce, mais au contraire, d’une version pleinement exploitable pour tous les publics.


Avant la pièce, Titus est passé d’homme à Empereur. Il n’est plus libre, il ne s’appartient plus et ni sa vie ni ses attaches passées ne dépendent de lui seul. La pièce s’interroge en permanence sur ce que le pouvoir change en un individu. Doit-il user de son pouvoir pour ses désirs personnels? Mais toute l’action se déroule dans un cabinet du palais de Titus, un lieu de l’intime, de l’individu, là où le pouvoir et sa charge ne devraient pas s’immiscer. Mais c’est également un lieu qui appartient à Titus. A Titus individu, à Titus roi. Les deux autres personnages n’y peuvent pénétrer que grâce à l’intimité qu’ils partagent avec le souverain.


C’est le lieu où Titus peut se permettre d’être un individu, loin de la pompe de la cour, là où il peut exposer son cœur. C’est le lieu où il doit aussi éclore en tant qu’Empereur, pour son malheur, puisque c’est précisément ce nouveau rôle, cette nouvelle fonction, qui l’empêche d’épouser celle qu’il aime. Ce cabinet est donc un petit espace, confiné, encadré de pendrillons noirs, resserré, sans décor. Chaleureux, mais neutre.


Les costumes se font le reflet des différents états et devoirs de chacun. Tantôt richement paré en Empereur, lauriers au front, Titus se dépouille de ses ornements, de ses attributs. Il en est de même pour Bérénice, qui, d’amante, redevient, progressivement, forcée, une Reine avant de quitter Rome. Ses parements se feront plus lourds, cape, ornements capillaires: on quitte l’intime à cause du pouvoir, comme en témoignent enfin les adresses qu’elle fait aux personnages: de Titus, on passe à Seigneur: ils ne sont plus amants, mais bel et bien deux figures de pouvoir dont l’individualité s’efface derrière la charge.

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