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Bella Figura

+ d'infos sur le texte de Yasmina Reza
mise en scène Yasmina Reza

: Entretien avec Yasmina reza

propos recueillis par Pierre Notte

A-t-on déjà rencontré vos cinq personnages dans d’autres de vos pièces ? S’agit il d’une même famille de figures ?


Avec le temps, je me suis rendue compte que j’écrivais avec les mêmes obsessions et que je tournais malgré moi autour d’un certain type de thème. Cela vaut aussi pour les romans, d’ailleurs je ne fais pas de différence. Cette répétition n’a de sens qu’au prix d’un renouvellement des personnages. J’invente des figures qui n’ont pas le même passé, pas les mêmes liens entre eux, et dont la situation géographique et sociale est différente. Des êtres nouveaux disent autrement les mêmes choses...


Bella Figura, cela signifie « faire bonne figure »: vous aimez étudier le vernis qui se craquelle ? Les fissures de cette petite bourgeoisie (ici de province)...


Les fissures existent dans tous les milieux. Tous les milieux ont un code public et privé. Je n’ai pas utilisé la formule dans son acceptation sociologique. Faire « bella figura  » est un geste d’élégance, presque une philosophie. Ne pas ajouter à la défaite son spectacle public. D’ailleurs Andrea le dit à Boris :  « tu pourrais ton dernier soir faire bella figura , comme les grands flambeurs  ». On peut aussi y voir plus prosaïquement une définition d’Andrea : « una bella figura ».


La pièce semble parler d’un monde qui semble étranger au monde, replié sur lui-même, chacun emplâtré dans sa solitude... Vous le dénoncez ? Le moquez ?


C’est un monde qui semble solitaire parce que je place (comme toujours) les personnages dans une situation de solitude. Ils vont dans un restaurant hors la ville pour passer une soirée « hors temps ». Dans leur vie courante, sauf pour Andrea, qui est authentiquement seule, on peut imaginer qu’ils ont tous une vie sociale très active. Pour répondre à la deuxième partie de votre question : non, non ! Je ne me moque pas et je ne dénonce rien. Je ne suis pas dans une position de surplomb par rapport aux personnages, je suis de plain-pied avec eux. Quelle est votre priorité de metteuse en scène ? Votre angle d’attaque ? De faire respirer l’écriture. De la faire résonner. Ce que j’essaye de traduire, les affects, les écorchures, la violence passent par des options atmosphériques.


Thomas Ostermeier a provoqué l’écriture, et il a mis en scène la pièce : comment vous inspire-t’il, vous influence-t’il dans votre travail aujourd’hui ?


Thomas Ostermeier a été, par sa proposition, très influent à l’écriture. Il m’a demandé d’écrire une pièce pour lui avec un rôle pour Nina Hoss. Je n’avais aucune obligation si ce n’était un rôle important de femme de l’âge de Nina. Je lui dois le personnage d’Andrea pour qui j’ai une grande affection. J’ai beaucoup aimé sa mise en scène. Thomas a créé une version nocturne, passionnelle, avec un tropisme anxiogène. Il a utilisé des éléments de la pièce (la voiture dans la nuit, les insectes, la chaleur, le bruit terrifiant des grenouilles) comme autant d’éléments accablants. Ma vision est très différente, je mets d’autres accents, je favorise d’autres particularités du texte. Le fait de pouvoir aller dans une direction aussi différente était une bonne surprise sur la validité du texte. Une pièce doit pouvoir sans cesse être réinterprétée.

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