Le prince Don Pedro et ses hommes rentrent victorieux de la guerre. Le mariage des jeunes Claudio et Héro est rapidement annoncé. De son côté, le frère bâtard de Don Pedro, le fourbe et mélancolique Jean, fait croire à Claudio qu’Héro lui est infidèle. Au même moment, les autres invités de la fête tendent un piège à leurs amis Béatrice, et Bénédict, qui se querellent depuis toujours, afin qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre. L’histoire de Béatrice et Bénédict, qui s’opposent vigoureusement à l’amour mais qui succombent à la première occasion, vient gaiement contrebalancer la noirceur de l’intrigue principale. Bientôt, complots et intrigues s'entrecroisent et s’intensifient. Mais les manipulations sont révélées et Jean s’enfuit. L’innocence de Héro est prouvée et pour finir, les deux mariages ont lieu.

Beaucoup de bruit pour rien est une comédie subversive dominée par la question de l’ambiguïté de la parole, du désir, de la représentation, de l’illusion. Il s’agit d’une pièce sur les faux-semblants, tout le monde avance masqué. Le rythme soutenu de cette oeuvre, sa rhétorique jubilatoire et ses incroyables variations de ton exercent un charme puissant et en font l’une des plus remarquables comédies de Shakespeare. Par sa vivacité, son humour, sa flamboyante noirceur, sa sauvage sensualité, sa jubilation protéiforme, sa mélancolie même, elle est un formidable terrain de jeu pour l’équipe de comédien.ne.s que nous sommes et elle nous permet d’explorer les représentations archétypales de l’amour, les injonctions sociales qui en découlent, les processus de domination masculine, le fiel de la rumeur et le pouvoir créateur des mots.

Né dans la tourmente de la pandémie mondiale, contre la machine libérale et sa vision de notre art comme un passe-temps exotique et non-essentiel, nous revendiquons ce spectacle subjectivement émouvant, familial et festif, comme un prétexte à être ensemble et plus que jamais le théâtre comme un espace émancipateur, un espace de vie digne de ce nom et absolument nécessaire.

Maïa Sandoz et Paul Moulin