Lipstick Traces est un essai historique mais c’est aussi tout autre chose : Une histoire secrète du vingtième siècle, comme il est sous-titré ; une généalogie des révoltés ; un livre en crue, cartographique et rigoureux, qui déploie les histoires de l’avant-garde et de la contre-culture, les malaxe, les entrelace, en diffracte les motifs et les questionnements pour mieux les faire rayonner ailleurs. C’est aussi une chronique critique assumant une passion pour le détail, l’archive précise, le montage, le collage, et le coq-à-l’âne. C’est enfin le trajet rhizomique d’un auteur-chercheur- narrateur embarqué dans ladite histoire, liée à elle par une secrète et absolue nécessité qu’il cherche passionnément à démêler, un je discret mais sensible, à l’humour vif argent, parfois absurde, parfois roublard, parfois cyniquement désemparé.

Dans ces pages, La société du spectacle de Guy Debord, le premier concert des Sex Pistols, l’échec du Victory Tour de Mickaël Jackson, le cabaret Voltaire, une photographie de 1945, la logique libérale..., deviennent choses aussi palpitantes, tangibles et problématiquement liées entre elles que tout ce qui peut circuler et rebondir sur un plateau de théâtre lorsque le spectacle est vivant.

Un ami m’a offert ce livre en 2013. Je l’ai commencé un an plus tard dans un train. Depuis, je l’ai moi aussi beaucoup offert, n’ai que rarement pris le train sans l’avoir dans mon sac. Son auteur s’appelle Greil Marcus, il est américain, né en 1945, philosophe et rock-critic.

Nous nous sommes rencontrés au printemps 2018 à un concert. Puis je lui ai écrit une longue lettre sans doute grammaticalement peu correcte en anglais pour lui parler de BANDES. La manière dont il a joyeusement formulé son accord de principe ressemble à son livre :

• « no advice, no restrictions,
• go right ahead. »