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B.#03 Berlin (La Tragedia Endogonidia)


: A propos de théâtre

Première grande aventure théâtrale du XXIe siècle, la “Tragedia Endogonidia” s’est déroulée en onze épisodes inscrits dans les théâtres de dix villes européennes. À chaque étape, il s’agissait pour la Socìetas Raffaello Sanzio de poser la même question sous des formes différentes : comment réinventer et représenter, ici et maintenant, une tragédie contemporaine ? Car la tragédie classique, symbole de la cité grecque démocratique du Ve siècle avant J.-C., qui se retrouvait unie dans la célébration de ses mythes et de son histoire, ne peut plus s’inscrire dans les mêmes formes dans des sociétés parcellisées, fragmentées où les individus qui les composent se sentent isolés, fragilisés, menacés. Comment, par exemple, représenter un chœur tragique ne parlant que d’une seule voix au nom de la communauté politique quand cette communauté est scindée en de multiples groupes ne se reconnaissant plus dans les mêmes valeurs, les mêmes croyances, les mêmes origines historiques ou mythiques ? Comment faire cela si le langage est devenu désormais une “maison vide” ? Dans les deux épisodes repris pour le Festival, B.#03 Berlin et BR.#04 Bruxelles, Romeo Castellucci s’intéresse plus particulièrement au rapport que chaque individu entretient avec “le temps” et avec “la loi”, tant dans son rapport à lui-même que dans son rapport à la société dans laquelle il est inscrit. Pour entraîner le spectateur dans cette double interrogation, il a composé avec les artistes qui l’entourent des images autour de personnages récurrents qui traversent des univers plastiques et sonores loin du bien pensant esthétique. Maniant les mythes, les concepts et les thèmes de la tragédie avec rigueur et sans complaisance, les confrontant au plateau du théâtre, il s’adresse à l’imaginaire de chaque spectateur qui devient le véritable héros de cette tragédie contemporaine. Tout à la fois théâtre du mystère et du rêve, de la cruauté et de la tendresse, qui peut évoquer Antonin Artaud et Samuel Beckett autant que des contes de fées, il confronte la violence des tortionnaires des forces de l’ordre à l’extrême douceur des jeux d’enfants, la tendresse des jeux amoureux à l’instinct meurtrier qui sommeille en chaque homme. Les images se font et se défont comme des gants qu’on retourne, les corps se déplacent dans des mouvements chorégraphiés. La musique conçue et composée par Scott Gibbons – musicien de Chicago, depuis plusieurs années l’âme acoustique de la compagnie – se fait tantôt complice des images, tantôt agression perturbante. C’est l’humain qui est mis en scène dans sa globalité et exposé de son commencement jusqu’au long glissement vers le gouffre de la mort. Ici, il n’y a pas de provocation, juste la nécessité de présenter le corps humain perçu dans la fragilité de son être et dans l’obscurité de l’expérience tragique, un face-à-face au sphinx de la vie et au problème de la naissance, passant du pur à l’obscène. À travers ces images lumineuses ou sombres mais toujours d’une beauté flamboyante, c’est un théâtre qui ébranle, qui éprouve, qui interroge et qui offre à chacun le possible d’un voyage dans la tragédie intime. Ce n’est pas un théâtre du consensus qui nous rassure mais un théâtre allégorique où le temps du réel est suspendu, où la parole est forte et rare mais terriblement efficace. Un théâtre qui n’explique pas mais qui offre, à ceux qui acceptent, d’être bousculés dans leurs habitudes, le plaisir de se perdre et de se retrouver, d’être dépouillés de tout : “Seuls. Ensemble et tout seuls”.

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