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Aux suivants

mise en scène Charlotte Lagrange

: Note d'intention

Avec Aux Suivants, je souhaite mener une écriture de plateau à partir du projet dramaturgique de mettre en résonance l’héritage familial et la dette économique actuelle. J’aimerais ainsi interroger comment l’on peut transmettre un monde qui semble en plein mouvement voire en pleine mutation. Le spectacle sera polyphonique, tissant des histoires intimes à des évènements et des discours politiques. Cette fragmentation est une manière de raconter le monde tel qu’il nous apparaît, et de chercher ensemble ce qui relie les êtres par-delà les différences sociales.


Le texte


Une écriture de plateau
Après L’âge des poissons, spectacle par lequel j’ai commencé à expérimenter une écriture de plateau, en m’inspirant du roman Jeunesse sans dieu d’Ödön von Horvath, je souhaite continuer à développer ce processus de création en partant cette fois d’une problématique aussi intime et actuelle. Aux Suivants sera donc le fruit d’une écriture en plusieurs temps, que je composerai d’abord en résidence d’écriture, puis par un travail d’improvisation et enfin au fur et à mesure de la construction du spectacle.
Je souhaite ainsi écrire un texte et son spectacle d’un même mouvement.


L’héritage, entre intime et politique
Il me semble que l’héritage, comme problématique voire problèmes rencontrés dans le cercle intime de la famille, peut raconter en petit, les difficultés politiques liées à une crise dite de la dette. Comment transmet-on un monde qui change ? Que peut-on transmettre quand le monde échappe même à ceux qui en ont été les acteurs ? Inversement, le langage politique actuel s’insinue dans les rapports entre les hommes, jusqu’à les modifier. Le vocabulaire économique et les préoccupations sociétales autour de l’économie modifient les relations.
En écrivant Aux Suivants, j’aimerais faire résonner l’intime dans le politique et le politique dans l’intime, et voir ainsi comment les rapports économiques traversent aussi bien la société que ses individus.


Narration polyphonique
La pièce sera structurée comme une constellation, mettant en scène plusieurs fils narratifs de durées différentes.
Un conflit familial autour de la dette d’une jeune fille, la rencontre d’un groupe de jeunes gens se prenant au jeu de la révolution, l’abandon de poste d’un chef de gouvernement constitueront les narrations principales auxquelles se grefferont des séquences plus courtes telles que des discours directement politiques ou des virgules musicales.
C’est pour moi une manière de tourner autour d’une problématique aussi intime que politique. Mais ce choix répond aussi à une envie de raconter le monde dans sa complexité, difficile à saisir d’un seul regard, par une seule pensée, ne se laissant appréhender que par fragments.
Michel Serres le décrit dans La petite poucette : aujourd’hui, l’esprit ne se concentre plus sur une seule idée. Il passe d’une idée à une autre sans en avoir fini avec la première. Ce n’est pas forcément une perdition. C’est aussi une autre manière de voir, qu’on pourrait dire polyphonique, mais qui permettra de recréer un monde à travers de multiples fenêtres.
J'aimerais que ces différentes histoires soient reliées non seulement par leur problématique mais aussi parce qu’un motif s’y répète, un motif qui puisse raconter la persistance du rêve dans chacune de ces histoires.


Pistes de mises en scène


Spectacle protéiforme
Ces multiples fenêtres entraîneront une hétérogénéité des formes et des genres à l’oeuvre dans le spectacle.
Je cherche à créer un univers très cinématographique, pour raconter l’intimité des personnages notamment dans leurs histoires familiales.
Mais le travail sur les discours politiques entraînera parallèlement des formes plus directement théâtrales, jouant sur la mise en scène politique.
Des passages musicaux viendront rythmer la pièce et donner un regard décalé sur les histoires de dette et d’héritage.


Un espace unique et mouvant
Je cherche à créer un espace unique pour accueillir ces différentes narrations. Accessoires, mobiliers et mises en lumières le feront apparaître successivement sous divers angles, permettant d’évoquer des ambiances et des lieux apparemment distincts les uns des autres. Par cette multiplicité de codes, il pourra s’apparenter à un plateau de cinéma. Pourtant, peu à peu, il laissera apparaitre une unicité, celle d’une rêverie commune aux divers fils narratifs.


Multiplicité de rôles
Les comédiens joueront différents personnages, passant d’un fil narratif à l’autre, d’un costume à l’autre.
Ces transformations seront assumées, parfois à vues, parfois mises en scènes, sans qu’il s’agisse pour autant de dénoncer une illusion théâtrale. Au contraire, cette traversée de rôle en rôle raconte la multiplicité des identités possibles en chacun de nous, selon les situations dans lesquelles on se trouve, et selon le milieu dans lequel on évolue.
Ils ne joueront pas forcément les personnages de leur âge. Au contraire, pour raconter les écarts et les inversions générationnelles, j’aimerais qu’on aille jusqu’à inverser les rapports d’âges, faisant jouer le père au plus jeune.


L’équipe de création
Les choix de distribution sont liés d’une part à la volonté de continuer à travailler avec une équipe réunie pour L’âge des poissons. Je crois beaucoup à l’approfondissement du travail de jeu et de direction d’acteur de spectacle en spectacle.
Et d’autre part, ces choix sont liés à la nécessité de raconter des rapports générationnels. On ne peut pas questionner les relations entre les générations sans l’expérimenter aussi sur le plateau. Aussi, aux jeunes gens qui incarnaient des adolescents dans le spectacle précédent et qui sont issus comme moi de l’école du Théâtre National de Strasbourg (Guillaume Fafiotte, Julie Palmier et Hugues de la Salle) se joindront deux acteurs que j’ai rencontré en assistant David Lescot et Laurent Vacher.
Martin Selze a travaillé notamment avec le collectif Sentimental bourreau, expérimentant régulièrement des spectacles basés sur l’improvisation et la musique. Marie-Aude Weiss a travaillé avec une compagnie de rue, la Cie Eclat Immédiat et Durable, et très souvent sur des textes contemporains comme ceux de Philippe Malone.


Comme la distribution, les collaborations artistiques sont la continuité du travail mené dans les créations précédentes. Le travail de lumières de Claire Gondrexon est notamment essentiel à la démarche visuelle de la compagnie. Ses lumières forment un espace mouvant, permettant d’habiter la scénographie de manière différente selon les scènes, et de traiter des situations réalistes par un décalage onirique, racontant ainsi l’intériorité du personnage.
Samuel Favart Michka, est aussi bien créateur sonore que musical. Son travail permettra de faire du son un élément important du spectacle, nous rapprochant ou nous éloignant des acteurs selon le registre cinématographique ou plus théâtral mis en place par les fils narratifs. Pour Aux Suivants, nous souhaitons composer des morceaux et reprendre des chansons que les comédiens chanteront.
Olivier Fauvel, régisseur général avec qui je collabore depuis l’école du TNS sera lui partie prenante de ce spectacle construit dans une élaboration collective, et sera également régisseur plateau et construction. Je travaillerais pour la première fois avec Camille Riquier, artiste aux multiples casquettes, dont le travail de scénographie en écriture de plateau et les propositions artistiques ouvrent de nombreux horizons pour construire l’univers visuel et dramaturgique d’Aux Suivants.

Charlotte Lagrange

16 mars 2015

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