Je prends des animaux parce que c’est plus simple pour parler des hommes. C'est un principe de fable. Souvent dans les albums pour enfants, les personnages sont des animaux.
Mais ils se comportent comme des hommes.
C'est assez drôle.
Je prends des chèvres parce que la chèvre est un animal intéressant : elle est indépendante et caractérielle, elle ne se laisse pas élever en trop grand nombre comme le porc le mouton ou le poulet. Elle est rebelle, et être un homme à tête de chèvre ça me plait : sauter pardessus les barrières, grignoter les papiers administratifs, rester conscient d'être un individu contre la masse.
Beaucoup peuvent d'identifier à ce caractère sautillant et entreprenant qui refuse de ne marcher qu'au pas. On est là aussi pour dire des choses importantes.

Comme dans la tradition orale, il y a du récit et du jeu, on endosse les personnages à loisir, et la musique n'est pas loin.
Et puis à la fin, toujours comme dans un conte, il y a cette sorte de petit laïus qui dit parlons-en.
Avant, il y avait la morale, mais là je ne tranche pas, j'interroge.
Nous fabriquons des spectacles prétexte à bavardages : la rencontre entre les comédiens et spectateurs est importante pour nous.

Claire Rengade

avril 2006