Peut-on imaginer sérieusement que les objets se servent de nous pour se reproduire et qu’ils nourrissent le projet de dominer les humains ?

On désigne habituellement par « artefact », un phénomène créé de toutes pièces dans des conditions expérimentales, il peut s’agir d’un effet indésirable voire même d’un parasite. Si depuis la nuit des temps, l’homme n’a cessé d’engendrer des artefacts via la transformation qu’il opère sur la matière, la découverte de ces derniers à l’occasion de fouilles archéologiques nous montre que d’une certaine manière c’est bien l’objet qui survit à son créateur. Ainsi, de fil en aiguille, les artefacts les plus archaïques ont laissé place à des pièces manufacturées jusqu’à constituer une chaîne de production continue. Prenant désormais place dans nos domiciles, les machines nous permettent de réaliser de nouveaux objets et de dupliquer ceux qui existent déjà. Mais qui sont-ils vraiment ? Eux qui peuvent désormais se passer de nous pour communiquer, se réparer, se reproduire ? Ne serions-nous pas malgré nous les hôtes de leur mutation vers des formes toujours plus complexes et résistantes ?

À mi-chemin entre installation et performance, Artefact est une aventure surréaliste qui trouble notre perception du réel en interrogeant notre relation aux objets. Entre théâtre optique et imprimante 3D, le dispositif semblable à un castelet se transforme en un organisme scénique vivant capable d’imprimer ses propres décors. Dans ce récit immersif peuplé de marionnettes virtuelles, le rapport entre l’animé et l’inerte est sans cesse bouleversé. Qui dirige réellement ces opérations ? Qui orchestre le temps de la représentation ? À travers cette mise en abîme, c’est la nature même de l’humain dans son irrépressible besoin de créer des objets, qu’il s’agit de repenser.