Art’Catastrophe parle des catastrophes du XXè et du XXIè siècle et de leur influence sur l’art contemporain.
Peut-on faire du théâtre à partir de nos désastres ?
A un certain moment de ma vie, face au malheur, j’ai eu envie de hurler et de tout casser. Et en même temps, j’ai ressenti une rage de vivre démesurée. De là, est née cette pièce sur la catastrophe intime et la catastrophe politique. Comment faire de l’art à partir du chaos ? J’ai voulu montrer de près un artiste en train de fabriquer des oeuvres vouées à être détruites. Un artiste en charge d’édifier un musée qui n’aurait qu’une vocation, celle d’exploser.

Art’Catastrophe naît aussi de l’actualité. Paul Virilio, urbaniste et philosophe, a exigé la création d’un musée de la Catastrophe. Pour anticiper les seïsmes et empêcher les guerres, il suggère d’exposer des images de catastrophes pour en analyser les mécanismes. Or, de telles images provoqueraient autant l’effroi que la fascination. On touche ici à un paradoxe trés contemporain. Je pense que nous avons de plus en plus besoin de jouer à nous faire peur virtuellement. Certains touristes s’amusent à traverser la frontière mexicaine « dans la peau d’un immigré clandestin ».
Jusqu’où peut mener le flirt avec la peur et la mort ?
Nous sommes à l’ère de la contradiction. Pour devenir heureux, il faut connaître l’envers du bonheur, être kamikaze, pour accéder au « paradis ».

Pour parler de ce monde explosif, j’utilise mes deux armes principales, les mots et l’humour. De ces thème terribles, j’ai fait une pièce à la Marx Brothers. Une satire grinçante. J’y ai mis l’énergie d’un manifeste. Et je donne toute ma poésie et ma tendresse à ces personnages, pris dans des tempêtes qui les dépassent.

Jalie Barcilon