La mise en scène du spectacle Araberlin donne aux costumes une place singulière. Au sein de l’espace circulaire, est installé, dans quatre points différents, un dispositif où sont accrochés les costumes. Ces micros espaces sont à la fois un espace de coulisse apparent et un espace de jeu intégré au plateau.
Ainsi tous les changements de costumes se font à la vue du spectateur. Ils sont assumés, mis en scène et offrent une autre dimension au jeu des 5 comédiens incarnant les 14 personnages de la pièce.
Dans ce dispositif, les costumes sont considérés comme des éléments signes où le passage d’un personnage à un autre est signifié par l’ajout ou l’enlèvement d’un ou deux éléments sans opérer de changement complet. Chaque comédien porte une tenue de base, débardeur et boxer noir, sur lesquels viennent se dessiner les différents personnages.
Ce processus demande un choix de costume simple, pour ne pas brouiller le jeu des comédiens, mais aussi efficace, pour la compréhension des personnages. Ce principe d’esquisse où seulement un ou deux éléments de costumes indique le changement de personnage donne au spectateur une piste pour développer son imaginaire. Dans ce parti pris, déjà clairement amorcé dans le va et vient comédien / personnage et l’absence de décor, le spectateur devient acteur.
L’esthétique des costumes est très différente selon les scènes. Les tenues sobres du cercle intime de la famille laissent place à une esthétique plus fantaisiste pour les scènes du cercle social. Ces dernières prennent des identités multiples, inspirées du cirque, à travers l’aspect clownesque de la chorale, les références aux dresseurs pour le commissariat, ou encore le traitement de Jésus en Monsieur Loyal... La variété des costumes tend à refléter l’éclatement d’un monde que nous raconte la pièce, où le tragique et le comique s’entremêlent sans cesse.