Au coeur de l’écriture de Jalila Baccar, il y a la distance. Une distance omniprésente qui donne sa force au propos et au jeu des comédiens.
Pour mettre en forme la pièce, je souhaite faire de la scène, à proprement parler une « aire de jeu », autour de laquelle les spectateurs seront disposés en cercle, à la manière du cirque. L’idée est d’abolir la frontière scène/salle et de permettre aux comédiens lorsqu’ils ne sont plus personnages, d’être en adresse directe aux spectateurs, de circuler et s’asseoir parmi eux. Les coulisses autour de cet espace circulaire sont apparentes. Ce dispositif constitue la scénographie d’un spectacle sans décor pour lequel la création des costumes et la création lumière occupent une grande place.
L’espace circulaire permet aussi de traiter les deux dimensions de la pièce : la ronde sociale et le cercle intime. Le cirque, comique parce qu’il est cruel, c’est celui que nous jouent les amis choristes de Katarina ou encore les policiers. Le noyau intime, tragique parce qu’il est le jeu du cirque, c’est celui de la famille qui éclate: Ulrich, Aïda et leur fils Kaïs.
Araberlin accorde une place de choix au comédien et lui offre de multiples possibilités de jeu. Sur le plateau, ce sont 5 comédiens qui interpréteront les 14 figures de l’histoire. Le passage d’un personnage à un autre s’opérera par la voix et le corps de l’acteur et sera indiqué par le changement d’un ou deux éléments de costume. Ces changements s’effectueront à vue comme, de manière générale, tous les artifices du théâtre seront assumés comme tels.
Araberlin instaure un espace de distance où le comédien raconte son personnage, narre et commente son personnage actant et un autre espace où l’identification est totale. Ce processus de va et vient ludique entre le dedans et le dehors qui est le propre du jeu d’enfant et par là-même le propre du théâtre met le spectateur en contact direct et sensible avec l’acteur...