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Après le chaos

mise en scène Stéphane Daurat

: Note de l'auteur

Traumatisés, marqués à jamais.
Nous le sommes tous, après les terribles attentats commis ces dernières années dans le monde et en France. Toulouse, Charlie Hebdo, l’Hyper cacher, le Bataclan, Nice, Strasbourg… la liste est in complète et s’allonge irrémédiablement.
Notre insouciance est à jamais brisée.


Comme beaucoup, j’ai regardé les informations après chaque attentat, comme beaucoup, j’ai été hypnotisée par les images qui défilaient en boucle. Comme beaucoup de mères, mon cœur s’est serré en imaginant mon enfant au milieu de ces cris, de cette foule paniquée, de cette violence, de ces morts. Mon enfant, parmi ces morts…
Je connais des gens directement touchés par l’un de ces attentats, lequel exactement n’a plus d’im portance ou presque, tant ils s’enchaînent et se ressemblent pour nous qui regardons depuis l’exté rieur. Je connais des mères pour qui, un jour fatal, un de ces attentats n’a plus été comme les autres. J’ai vu leurs blessures et leur détresse, la détresse de celles qui vivent cela depuis l’intérieur. Celles qui connaissaient, aimaient ceux qui étaient là. Vraiment, là. En face des balles, en face des armes, en face d’Eux, les tueurs.
Eux qui, aussi, ont vécu tout cela de l’intérieur. Eux qui ont des mères, aussi.
En tant qu’être humain, mais aussi en tant qu’auteur, je m’interroge souvent sur les motivations des uns et des autres, et plus particulièrement sur les motivations de ces jeunes criminels suicidaires.
Qui sont-ils ?


Quelle société avons-nous construit pour que nos enfants baignent dans cette violence ? En quoi sommes-nous responsables, coupables ?
Comment peut réagir la mère d’un terroriste ?
Comment peut-elle accepter la vérité ?
Quel est son degré de culpabilité ?
Peut-elle se détacher des actes de « sa chair et son sang » ?
Comment ne pas se demander si elle n’a pas guidé ce bras ?
Est-il possible d’imaginer une vie « après » ?
C’est de toutes ces questions qu’est né Après le chaos.
J’ai voulu construire cette pièce sur deux plans : le discours intérieur de cette femme et son discours aux autres. Avant. Après. Savoir. Ne pas savoir.


La violence d’un attentat réside aussi dans la violence de l’annonce, des médias, de la police, des proches, les mots toujours maladroits pour dire l’insupportable.
L’annonce : « Votre fils est mort » suivie du néant.
Mais pour cette femme, cette annonce n’est pas suivie du néant. Elle est suivie par d’autres d’an nonces pires encore, par d’autres chocs, d’autres découvertes indicibles qui doivent pourtant être dites, redites, écoutées surtout, digérées malgré tout.
Découverte que son fils est le terroriste qui a semé la mort, qu’il a tué les amis de son propre frère. Découverte de la haine des autres.


Découverte de la haine de soi, de sa propre impuissance, de sa culpabilité.
Chaque mot est un choc, chaque mot est un coup, une vérité insupportable, un morceau du passé, de la vie d’avant qui disparaît à jamais.
J’ai voulu que Après le chaos se vive comme un parcours théâtral dans lequel chaque spectateur ac compagne cette femme.
Dans toute sa tragédie et dans toute son humanité.

Élisabeth Gentet-Ravasco

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