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Après la répétition

mise en scène Laurent Laffargue

: Entretien avec Laurent Laffargue

Laurent Laffargue est un metteur en scène qui aime s’interroger sur son art, mettre en abîme le théâtre, jouer sur les rapports entre réel et fiction, rêve éveillé et réalité transfigurée.
Après la répétition, la pièce d’Ingmar Bergman, lui donne l’occasion de poursuivre son travail sur ces thèmes qu’il affectionne.


Comment s’est effectué le choix de cette oeuvre ?


Dans la lignée des Géants de la montagne de Pirandello, c’est un spectacle qui parle profondément du théâtre, du metteur en scène et de ses relations avec les comédiennes. Le théâtre est un thème que j’ai souvent abordé, ainsi que la mise en abîme du jeu dans le jeu. Dans Après la répétition, on assiste au processus de création, au travail d’un metteur en scène avec une jeune comédienne ainsi qu’aux relations sentimentales entre ce même metteur en scène et deux femmes. Le théâtre d’un côté et la vie de l’autre.
J’avais également l’envie, après avoir dirigé une équipe importante, de revenir à un spectacle plus serré, trois comédiens seulement, pour effectuer un travail plus intimiste et plus proche des acteurs et du texte.


Dans quel espace se déroule la pièce ?


L’action se passe dans un théâtre où des comédiens sont en train de répéter Le Songe de Strindberg. Comme dans Le Songe, il est question d’une armoire, qui sera le centre du décor. Une très grande armoire, d’une taille un peu démesurée. Au fond de cette armoire, un écran sur lequel sont projetées, en guise de prologue en quelque sorte, des images des comédiens en train de répéter la pièce de Strindberg un peu plus tôt dans l’après-midi. Dans la pièce, le metteur en scène fait référence aux spectacles qu’il a montés précédemment, et j’ai construit la scénographie avec des accessoires, des bouts de décors de mes anciens spectacles comme l’on fait parfois dans les périodes de répétitions. J’ai ainsi repris la double tournette utilisée dans Terminus.


Il y a une espèce de jeu de fantômes, où la réalité semble vaciller.


Le metteur en scène s’est assoupi. Quand la pièce commence, on ne sait pas très bien s’il se réveille ou s’il est en train de rêver « l’après-répétition ». Ce moment un peu particulier, je ne veux absolument pas l’éclaircir. Je veux rester sur ce fil ténu, sans définir précisément dans quel temps on se trouve. Je souhaite travailler sur cette ambiguïté qui traverse la pièce et donner l’impression d’un temps étrange où les contours restent vagues et flous. Souligner sans affirmer, pour laisser les spectateurs entre rêve et réalité.


Quels sont vos rapports à la vidéo dans ce spectacle ?


Je me pose la question de comment entrer dans l’âme des personnages. La relation à l’image, qui permet des gros plans des comédiens, peut être un moyen d’y parvenir. Mais je fais confiance au théâtre, aux acteurs et au texte.
Il ne s’agit pas non plus de refaire un film, Bergman l’a déjà fait, mais bien de mettre en scène une pièce de théâtre. L’oeuvre sur laquelle nous travaillons est l’oeuvre originale, sans les coupes, le montage, les inversions que l’on connaît dans le film. L’oeuvre intégrale d’une certaine manière.


Vous avez réuni une équipe de tout premier ordre avec Didier Bezace, Fanny Cottençon et Céline Sallette.


Je souhaitais avoir des comédiens qui soient autant à leur aise dans le registre théâtral que dans celui des images enregistrées. Tous les trois ont un rapport naturel et professionnel avec le cinéma, et ont beaucoup tourné pour la télévision. Didier Bezace apporte au rôle du metteur en scène un côté plus dur, plus violent que le personnage décrit par Bergman. Je souhaite qu’il dégage une énergie masculine qui corresponde à l’idée que je m’en fais, qu’il soit dans une culpabilité assez violente dans les comptes qu’il a à régler avec lui-même et son entourage.


Entretien réalisé par Olivier Maby pour le journal de La Coursive/la Rochelle, juin 2007

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