: Note d’intention
Fable et portée
Antiklima (X) est le premier jet d’une oeuvre
interrompue par la mort.
L’histoire raconte le destin de Mariedl, une
adolescente accouplée à la promiscuité urbaine.
Venue au monde dans une famille
qui l’isole, la craint et la tourmente, elle décide
de s’en sortir.
Pour échapper à ce noeud de vipères déjantées,
l’héroïne affichera les masques de
la patience, des détours extravagants, une
complaisance charnelle sans limite et toutes
les outrances utiles à sa libération. Plus
tard elle deviendra la spécialiste du cloaque
que Schwab intégrait aux Présidentes, trois
ans plus tôt.
Il en résulte une déchetterie sociale que la
pièce radiographie avec soin. Parce qu’il a
trouvé la langue accidentée qui colle à son
regard critique, Schwab est devenu, audelà
de la star punk du théâtre, un auteur
européen majeur.
Le théâtre de Schwab ne laisse pas indifférent.
Les personnages parlent une langue personnelle.
Elle est déformée comme un
corps cassé par le travail. C’est une langue
brute, avec ses cicatrices et ses douleurs.
Au-dessus des personnages, un nuage
énorme s’est amassé. Il est rempli de boues
et d’angoisses affamées. Au moindre mouvement
il risque d’éclater, engloutissant la
scène dans le déluge.
Le monde est déjà infecté. Il se dilue dans
le sang et la guimauve. Les personnages
sont au bout du rouleau. Ils ont renoncé à la
santé. Ils ont perdu toute importance sociale.
Or, ces presque-riens vont clarifier le monde,
pour rire. Sautant d’emballements loufoques
en acuités amères, ils jouent à dénuder
la violence. Sans naïveté mais sans
vergogne, ils la serrent contre eux. Ils lui
cherchent un emploi. La question est de
savoir s’ils parviendront à désamorcer la
violence en la gardant chez eux car, s’ils ratent
leur coup, elle se jettera sur la cité.
Schwab fait souvent précéder ses pièces
d’une réflexion sur le langage. Dans Antiklima (X), Mariedl cerne la parole au coeur du
texte : « Parler est une touffeur d’opération
de l’appendice dans le sexe du cerveau ».
Cette phrase établit notre programme.
Mettre en scène Antiklima (X), c’est l’installer
dans le concret.
L’impact des images se joue dans la matière.
La poésie nous transporte mais dans
un bloc de CHU. Elle est le corps humain
qui prend soin de la douleur des autres
hommes. La parole est poétique quand elle
tranche dans le vif. Alors, comme l’incision
chirurgicale, elle laisse entrevoir l’intérieur
qui fascine.
C’est là qu’il faut chercher la parole délicate
et brute d’Antiklima (X).
Elle inquiète mais rétablit aussi.
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