: La Pièce
Une comédie cruelle et obscène
Anticlimax est un huis clos familial, une folie quotidienne, au travers de
laquelle une jeune femme opprimée chemine vers la liberté. L’histoire évoquée
se place dans ce microcosme étouffant: un système chaotique dans
lequel les personnages évoluent et projettent leurs obsessions.
Le quotidien des personnages est une succession de scènes étranges, qui
n’ont pas la volonté d’être des provocations vis-à-vis du monde extérieur mais
sont les inventions d’un groupe qui vit hors de tout code moral.
Werner Schwab est l’énonciateur d’un système, jamais son juge.
Les tentatives de ses personnages du médecin, du policier ou
du prêtre pour analyser, assainir et expliquer la situation de Marie et de sa
famille, sont celles d’une société logique qui ne veut pas voir ce qu’elle
engendre et qui se heurte à des êtres qu’elle ne peut plus raisonner, qu’elle
ne peut pas contenir.
Et la famille représente alors une sorte de métonymie de la société, société
perturbée de l’intérieur par la petite Marie.
Des gestes aux mots: un système du dérèglement
Le théâtre de Werner Schwab n’est pas réaliste, il ne s’attache pas à
montrer la vie mais sa signifi cation, le grotesque de tout mécanisme social.
L’auteur se plaît à dégager la distance qui nous sépare du monde qu’il a lui
même inventé.
Il se dégage ainsi d’Anticlimax une atmosphère propice à la farce: la répétition
d’un geste, d’une situation en pointe l’absurdité, ouvrant la voie à l’incrédulité
et à l’amusement.
L’acte sexuel se transforme en jeu burlesque. L’élimination des différents
garants de l’ordre et de la loi, le médecin, le policier et le
prêtre, se fait par le jeu, avec la complicité du spectateur qui fi nit par ne
plus vouloir que soit imposé un ordre quelconque, qui se plaît au désordre.
Derrière l’obscénité et la cruauté, on s’amuse.
Une jubilation qui passe par la langue de Werner Schwab, une langue grossière,
abrupte, poétique et recomposée. Elle s’accroche au sens, à l’oralité.
Les mots ont été triturés et agglomérés les uns aux autres, les expressions
se sont mélangées pour en faire apparaître de nouvelles.
Par ces maltraitances des règles syntaxiques, ces incorrections de langage,
on réinvente le langage, on découvre des images saugrenues au sein d’expressions
familières. Une dégénérescence des mots qui s’accroit au même
rythme que sont projetées sur scène les violences, fantasmes et dérèglements
de la société.
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.