Angelo, c’est trois journées de folie amoureuse. Déchirement, mensonge, coup de théâtre, jeux de pouvoir, c’est un chassé-croisé incessant ! C’est aussi un drame en prose, vif et éclatant, sur le pouvoir, le désir, la tyrannie des sentiments. Un regard surtout sur le statut des femmes et l’inégalité des sexes dans la vie sociale autant que privée. Angelo est gouverneur de la république de Venise et tyran. Paranoïaque, jaloux, il aime sa femme Catarina et sa maîtresse Tisbé, mais toutes deux en aiment secrètement un autre. La mécanique du drame romantique s’emballe et les masques tombent : Angelo, informé par Homodei, l’espion en soif de vengeance, que sa femme a un amant, la condamne à mort. Tisbé, apprenant que Rodolfo aime Catarina, souhaite elle aussi se venger, mais découvre en cette femme celle à qui elle doit la vie de sa mère. Angelo est une pièce qui, à son époque, fera scandale. Les personnages représentés sont plutôt des figures de l’excès, des êtres évoluant dans un monde d’illusions et de faux-semblants. Apparences et vérités s’y bousculent en permanence. Le verbe est coloré, plein d’images et de pensées, souvent d’une rare énergie. Dans un espace uniquement sculpté par les éclairages, la dimension épique est incontestable. Un théâtre qui mise, en dépit de l’inacceptable condition humaine, sur l’éventuel et sur le merveilleux qui peut surgir, malgré tout !