Anatomies est un diptyque à 4 mains, co-mis en scène par Natacha Roscio et Clémentine Aubry. Une composition théâtrale et visuelle sur la thématique des rites contemporains. Le terme de « rite » renvoie encore aujourd'hui à une énergie primitive, à un ensemble de codes, de gestuels, de paroles et d’objets définis comme ayant une charge symbolique forte, sacrée. Notions de profane et de sacré sont intiment liées. L'une ne peut exister sans l'autre. C’est la valeur que l'on attribue aux choses qui en détermine la nature. Les croyances auxquelles on les rattache en donne leur force. Les normes de politesses et les usages quotidiens sont tout autant codifiés, mais tombés dans la banalité, oubliés sous l'évier comme des bassines. Un rite s'inscrit dans un espace temps donné, défini. La répétition n'en altère pas la force. Le rite donne de l'ordre à ce qui semble dé-rangé, du sens à ce qui est incertain.

Les objets utilisés lors des rituels d'Anatomie d'un concombre sont des objets usuels. Objets prosaïques, triviaux, qui, une fois mis en lumière sur l'autel-scène de théâtre, se transforment en éléments symboliques essentiels. Quelles valeurs prennent à nos yeux ces objets fabriqués à la chaîne, Made in China, une fois que l'on ne souhaite plus les jeter ? Quel lien peut-il exister entre un geste banal, usuel, exécuté sans réfléchir et un acte sacré reposant sur un geste fictif produit sur une scène, devant un public ? Comment redonner une visibilité à des détails qui semblent insignifiants ?

Il questionne les usages, les étiquette apposées, que l'on s'impose, dans lesquels on fait tout pour entrer, cases dans lesquelles on nous rentre. Ces gestes, ces objets qui nous engluent dans le quotidien, quels liens sensibles, physiques, émotionnels tissons-nous avec eux ? Et si on renversait tout ? Et si on fonctionnait autrement ? Les tableaux qui composent Anatomie d'un concombre dé-rangent délibérément les normes, donnent du sens à l'absurde, sont un miroir déformé de notre société. Et si la seule échappatoire à ce monde était d'en accepter l'absurdité ?