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Yahia Yaïch-Amnesia


: A propos du spectacle

Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar retrouvent avec Amnesia le thème de la mémoire, qui sous-tend plusieurs de leurs créations, notamment Khamsun (Corps otages), créé en 2006 au Théâtre National de l’Odéon. Comme dans nombre de leurs créations, l’univers psychiatrique est très présent, mais sert ici de prétexte pour mettre en lumière les rouages du pouvoir. L’homme puissant se retrouve peu à peu en position de victime, soumis au feu roulant des questions des médecins qui sonnent comme le lointain écho des procès intentés à des dictateurs. Au-delà de la portée politique de leur théâtre, qu’ils défendent, les deux complices interrogent également la notion de responsabilité individuelle, à travers la figure de la journaliste qui voit en Yahia Yaïch un moyen de racheter ses propres compromissions passées.


Le fondement de la démarche artistique menée par le Familia Théâtre repose sur la plus grande exigence dans la direction d’acteurs et dans le projet esthétique et théâtral, articulée à une volonté de mettre en lumière la Tunisie d’aujourd’hui.
Ainsi l’écriture scénique, quasi cinématographique, enchaîne des « plans séquence », fondus au noir, qui entraînent les personnages dans un cycle infernal de renoncements et de lâchetés. Grâce à cette démarche, la logique même du pouvoir est démontée, ainsi que les mécanismes du système, mais aussi le repli sur soi des Tunisiens, formatés et broyés par le régime.


Tout ce qui compose un régime dictatorial est passé au crible : corruption des élites, népotisme, presse muselée, violences policières, délation et suspicion entre les citoyens, y compris entre les membres d’une même famille, abrutissement des jeunes par la télévision, le football, la musique populaire et la religion…


Le public tunisois comprend parfaitement de quoi il est question, malgré quelques « floutages » destinés à obtenir le visa de censure (pour rappel, leur pièce précédente Corps Otages avait subi pas moins de 286 coupes du ministère de la Culture !)
Fadel Jaïbi assume les ajustements qu’il a dû faire ici aussi, revendiquant la responsabilité de « sauver la baraque », mais aussi la f ierté de tenir tête et de faire passer le message. Sa popularité inouïe ne tient pas seulement à son statut de résistant de l’intérieur : il a su aussi, grâce à l’écriture de Jalila Bacar, faire de la langue populaire de Tunis, le tunisois, une vraie langue de création, subtile, jubilatoire. Et le public, toutes classes sociales confondues, lui fait fête de ce langage reprenant les apports maltais, français, turcs, berbères, italiens. Alternant le trivial et le poétique, cette langue pourtant très tenue garde toute la sève du langage des grands-parents, et oppose un contre-feu au relâchement généralisé des feuilletons télévisés tout comme à la langue de bois du religieusement correct.

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