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Alphonse

+ d'infos sur le texte de Wajdi Mouawad
mise en scène Magali Chabroud

: Note d’intention

L’origine d’Alphonse


Au tout début, il y a mon émotion de spectatrice lors de la représentation d’Incendies à Malakoff en 2004 et la découverte de l’écriture de Wajdi Mouawad. À la suite d’une correspondance avec l’auteur, j’ai eu l’occasion de découvrir la pièce Alphonse et le projet d’en faire un spectacle, est né.
Une adaptation du texte pour un groupe d’enfants et d’adolescents, m’a permis d’explorer la pièce à l’occasion d’ateliers et de stages et d’en imaginer une approche possible à plusieurs.
La nécessité de revenir au monologue original est né de la richesse de cette expérience, du désir de raconter en portant sur scène mon regard d’adulte sur les traces de l’enfance.


Alphonse et l’invisible


Le texte de Wajdi Mouawad est un monologue dans lequel toutes sortes de personnages se croisent et prennent la parole. Alphonse, en marchant, laisse surgir en lui ces personnages réels ou imaginaires qui l’entourent. À travers son regard, ils se mettent à exister pour raconter l’histoire.
Dans Alphonse, l’écriture est libre et multiple, elle n’est jamais identifiable complètement ; dès qu’on semble l’apprivoiser ou la reconnaître, elle s’échappe et nous entraîne ailleurs, là où on ne l’attend pas : les personnages se bousculent pour prendre la parole, la narration croise le jeu incarné, l’imaginaire accompagne le réel.
Jouer Alphonse, c’est avancer sur un chemin, pour tenter de retrouver, en marchant, la trace d’un secret, enfoui quelque part dans l’enfance. À chaque instant de l’écriture, l’inconnu côtoie le connu, comme une présence, ou comme une empreinte encore vivante du passé. L’invisible est peut- être ce lieu caché au fond d’une grotte, où l’adulte pourrait croiser sans peur l’enfant qu’il a été.


La scénographie dévoile et transforme l’espace au fur et à mesure de l’histoire.
Le plateau est ce lieu du réel dans lequel l’invisible peut surgir. Il s’agit d’inventer un langage scénographique qui accompagne la parole, qui se transforme et se dessine, et qui entrouvre des portes, sans jamais les fermer, pour laisser au spectateur un passage vers le rêve. Nous donnerons à voir et à sentir toutes ces empreintes qui peuplent nos espaces intimes, comme des figures révélées par la scène. La scénographie dévoile et transforme l’espace au fur et à mesure de l’histoire.


La lumière joue un rôle essentiel dans ce processus de révélation. À partir de voix dans le noir, elle fait exister des formes dans la nuit. Elle éclaire le rêve et attire Alphonse vers l’invisible, elle se devine, et révèle peu à peu les différents lieux traversés.


L’univers sonore, celui du dehors et celui du dedans d’Alphonse, sur le fil du réel et de l’imaginaire, transforme la parole, se glisse entre les mots, et laisse entendre les voix oubliées.


Dès la première lecture, je me suis sentie intuitivement proche de cette histoire, un peu comme une impression soudaine de déjà-vécu qui surprend parfois, à travers une odeur particulière ou dans un lieu apparemment inconnu. C’est une sensation physique, une reconnaissance immédiate, la trace d’une mémoire lointaine retrouvée. La parole de Wajdi Mouawad me traverse et me rassure parce qu’il y a, en elle, une vérité profonde, à la fois proche et lointaine. Je me dis alors que cette vérité appartient peut-être un peu à chacun, qu’elle se cache peut-être quelque part, dans un coin oublié de l’enfance, et j’ai envie d’aller fouiller par là-bas, pour voir…

Corinne Méric

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