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Abilifaïe Leponaix


: Présentation

Un jour j’ai eu ce cahier entre les mains.
Il appartenait à une jeune psychologue. Il y avait là des notes qu’elle avait prises lors d’entretiens avec des schizophrènes en hôpital de jour. Tout y était minutieusement retranscrit.
Ça ressemblait à des brèves de comptoir. Une suite de réflexions où le bon sens, frôlant parfois la clairvoyance, côtoyait les poncifs les plus éculés.
Ça aurait pu être léger et prêter à sourire. Mais ces mots étaient ceux d’hommes et de femmes en souffrance.
Et j’ai vu soudain la poésie à l’état pur. J’ai compris que poésie et folie n’avaient sans doute fait qu’un, un jour.
Ces notes prises sur le vif, au gré des conversations, des entretiens, c’était l’esprit humain sans fard, à nu, comme si la folie était la vraie nature humaine.
Et j’ai pensé que c’était ça le théâtre.
La pièce s’est construite comme cela, sans histoire, sans intrigue.
Simplement la parole du fou qui nous met sans cesse face à un miroir qui nous dérange.


« On juge du degré de civilisation d'une société à la façon dont elle traite ses fous ». Lucien Bonnafé, psychiatre.


Or le traitement des malades mentaux fait actuellement en France l’objet de remises en questions qui nous font revenir 30 ans en arrière. Les hôpitaux de jour licencient du personnel encadrant.
Les locaux de Maison Blanche, le plus grand hôpital psychiatrique d'Île de France, vont prochainement céder la place à des logements destinés aux visiteurs d’Euro-Disney. Lucien Bonnafé aurait probablement apprécié l’ironie.
Mickey est le nouveau psychiatre des français !


« Un jour j’ai perdu le mot besoin »


Personne n’écoute les fous, pourtant leurs propos, s’ils sont parfois incohérents, témoignent d’une réalité indubitable : la souffrance.
Le Théâtre doit leur redonner la parole.
Je suis donc allé à leur rencontre.
D’abord à travers des forums sur le net.
Puis j’ai rencontré des proches de malades.
Enfin je leur ai parlé, à eux, les fous.
Et j’ai vu des gens.
Pas comme les autres, certes, mais des gens.
Et de ces rencontres sont nés mes personnages.


Maxence s’enveloppe de film plastique parce qu’il a peur que son corps ne se disloque, Antoine écrit au président de la république persuadé d’en être le conseiller, Soizic se cogne la tête pour faire taire ses voix et Ketty voit son visage changer de forme dans son miroir.


Montrer la figure du fou sous l’angle de la souffrance, c’était le moyen de rétablir un dialogue entre eux et nous.
C’était s’éloigner de tous les clichés véhiculés dans la presse.
C’était passer au-delà de la peur.


Parler de leur souffrance.
Une souffrance psychologique mêlée aux effets physiques des médicaments, un tourment incessant qui pousse souvent au suicide.
Car, loin du mythe du psychopathe meurtrier, si le schizophrène est dangereux, il l’est avant tout pour lui-même.

Jean-Christophe Dollé

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