theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Aucun homme n'est une île »

Aucun homme n'est une île

+ d'infos sur le texte de Fabrice Melquiot
mise en scène Roland Auzet

: Note de l'auteur

Aucun homme n’est une île.
John Donne


Ce qui est une île mentale et morale n’est pas un homme.
Philip K. Dick


Ce que nous voudrions découvrir, ce sont les modalités d’un dialogue singulier ; peut-être une dyade : le virtuel et le vivant trouveraient au coeur de la représentation à se déployer à égalité d’espace, de parole et de temps.
Soit un personnage qui n’existe (peut-être) pas : Oscar (peut-être) quatorze ans – donne-ton un âge à quelqu’un qui n’existe (peut-être) pas ? Mettons qu’on lui donne un âge incertain. Soit Oscar, personnage virtuel. Etre-machine, condamné à vivre la vie des programmes informatiques, sur un écran de quelques mètres carrés.
Soit Jacques, (assurément) quinze ans. Jacques est un personnage de théâtre habitant une fiction ; il est interprété par un comédien de chair et d’os.
Oscar et Jacques s’attirent, se rencontrent, se confient l’un à l’autre, se complètent, aiment soudain la même fille de quatorze ou quinze ans, (peut-être le même public de quatorze ou quinze ans ?), alors Oscar et Jacques s’en veulent, se jalousent et s’affrontent - à mains nues contre écran plat ; image contre viande.
Il s’agit donc d’un dialogue qui tourne mal, un face à face qui aurait pu devenir dyade, s’il n’avait fini en duel.
Et si c’était Oscar qui rêvait Jacques ? Si Jacques était l’habitant d’une surface produite par Oscar ? Si nous étions, nous, humains, les objets entêtants des machines ? Si nous étions leurs seuls amis ? Et si elles cessaient de rêver, que ferions-nous ? Si elles nous abandonnaient, où irions-nous ?
Les enfants, les adolescents, savent vivre avec les spectres : spectres de voix dans les téléphones, fantômes dans les écrans. Comme si c’était quelqu’un. Comme si quelqu’un était là. Comme s’il fallait que quelqu’un soit là, toujours. Comme s’il y avait un diable dans la solitude. Comme si la solitude convoquait un réel menaçant. Comme si le réel était le diable.

Fabrice Melquiot

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.