Le conflit est le moteur de la pièce. "Loi politique contre loi terrestre, état contre individu". Un conflit contre un pouvoir aveuglement autoritaire, évaluant mal la situation et se butant à maintenir un ordre abusif. Aujourd’hui encore, les événements nous le prouvent, nous devons toujours nous préparer à dire non, à refuser les choix qui nous sont imposés, pour retrouver le sens de l’histoire, l’histoire des hommes et des femmes qui font le monde. "Il n’y a pas de meilleur moteur aux révoltes et aux révolutions que le sentiment d’injustice". Sophocle comme Brecht sont des poètes mais les deux, de par leur époque, parlent aussi politique.

Dans ces pièces écrites plus de 400 ans avant notre ère, Sophocle entend confronter l’humain à la fois, à la dictature des dieux comme à la dictature d’un seul homme, aveuglé par l'orgueil. Pour Brecht, ni la mort d’Antigone, ni celle de Créon avec la chute de de la cité de Thèbes, n’épuisent le débat... rien ne peut plus empêcher le désastre. Comment ne pas voir en Antigone une figure de l'indignation, de la résistance et à travers la fin pathétique de Créon, la chute inévitable et pitoyable de tout pouvoir autoritaire ?

Ce groupe de jeunes comédiens et la fougue d'Antigone portée par Perrine Thiery réussissent à ébranler les vieilles images en s’appropriant avec énergie ce poème vieux de millier d'années.