: Notes et intuitions de mise en scène
La rencontre avec Taher Najib et l’acteur Mounir Margoum me semble une petite réponse concrète à certaines questions brûlantes d’aujourd’hui. Jouer, c’est essayer toujours de placer un petit poème, quelques mots entre les bombes et les crachats. Pour parler d’un monde et d’un être en morceaux, entre en scène un homme entier. Un acteur s’expose sous les projecteurs : il est le point de mire d’une humanité désarmée, à portée de mots. Il est un ouvreboîte, il ouvre les mots de l’auteur, il parle de lui, de nous, avec les mots d’un autre. Il s’ouvre à l’autre. Il a le goût des autres et nous donne envie d’en faire autant. L’espace politique se définit par ses frontières, l’espace théâtral est infini : il est dans nos têtes, offert aux acteurs qui le parcourent et aux spectateurs qui le partagent.
J’aime les projets où l’acteur se donne entièrement à un auteur, et où, traversé par le texte, il lui donne une voix, un corps, et provoque un dialogue d’aujourd’hui. Le théâtre propose immédiatement un espace possible, où l’on peut « être » ensemble. Un programme politique artisanal, viable ici et maintenant. Un plan de survie. Mettre en scène le monologue A portée de crachat de Taher Najib, c’est engager un dialogue, car comme le dit Edward Bond, « nous ne pouvons délibérément renoncer au nom d’humain ».
Laurent Fréchuret
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