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A la table de l'Eternité

+ d'infos sur le texte de Mohamed Kacimi
mise en scène Isabelle Starkier

: Note de l'auteur

J’avais écrit il y’a quelques années «La Confession d’Abraham», un récit inspiré de la Bible et qui tente d’éclairer, à la lumière du présent, la vie et les péripéties du Père de l’humanité. Ce récit a fait l’objet de plusieurs mises en scène et de représentations à travers le Monde. Il vient d’être repris par les Editions Gallimard dans la collection Folio.


Aujourd’hui, je voudrais revisiter de la même manière l’histoire de Job. Pourquoi ? Parce que le Livre de Job, c’est le livre du scandale, c’est le livre d’un homme qui intente un procès à Dieu. Job affirme et défend, envers et contre tout, une thèse diabolique qu’il revendique contre tous ceux qui l’accusent d’avoir péché, blâmé, maudit ou blasphémé.


La justice de Dieu, dit Job, la justice dont parle la Bible, celle qui repose sur la Loi et dépend d’une souveraineté de toute-puissance, n’aura rien été d’autre qu’une «justification», qu’un discours de falsification ou de dénégation, qui justifie le mal, la violence, l’injustice donc, et qui invente le pire. La justice justifie. C’est la thèse de Job. C’est l’hypothèse qui s’ouvre à l’horizon des voix multiples de Job.


Mais il y a plus encore. Dès lors que la justice se dit de Dieu, du Tout Puissant, du Souverain, dès lors qu’elle relève de la souveraineté, et quelle qu’en soit l’autorité, qu’il s’agisse de Dieu lui-même, du Roi ou de l’État, la justice toujours justifie l’injustice. Et là, Job ajoute encore un argument. L’injustice que justifie la justice est un produit de la justice, un effet ou un symptôme qui force la justice à jouer le jeu de l’injustice, à en jouir.


Le Livre de Job met par ailleurs l'accent sur la révolte de l'homme éprouvé par Dieu. D'un côté le procès de Dieu, et de l'autre le procès de l'homme. Ici la référence à un Dieu de justice à qui on peut demander des comptes, et là une conception de l'homme subissant le joug d'un Dieu tout-puissant dont on ne questionne jamais les intentions.


Livre sur la foi, le récit de l'histoire de Job est aussi un livre sur le doute. Car la foi sans aucun doute, sans aucune question, sans aucun mystère est une foi inhumaine qui loin d’élever l’homme vers le divin le plonge au plus profond de la barbarie.

Mohamed Kacimi

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