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À la carabine

+ d'infos sur le texte de Pauline Peyrade
mise en scène Anne Théron

: Notes de mise en scène

Par Anne Theron

Une fête foraine. Une gamine, seule, accrochée à sa carabine, à un stand de tir : elle veut le gros dauphin en peluche. Un ami de son frère arrive. Il est supposé la surveiller, la protéger, qu’il ne lui arrive rien.
Progressivement, le trouble entre eux s’installe. Finalement, la gamine accepte de suivre le jeune homme pour aller manger une barbe à papa en sa compagnie. Sur le chemin, elle accepte également de lui donner la main. Ce simple geste provoquera l’irréparable.
Cette histoire interroge avant tout la notion de consentement : quand une fille accepte-t-elle une relation sexuelle, quels sont les signes de son acquiescement, quels sont ceux de son refus ? Dans A la carabine, la peur pétrifie la gamine à qui le tribunal reprochera par la suite de ne pas avoir manifesté plus explicitement son refus. Mais combien de femmes ont subi un rapport forcé parce qu’elles étaient tétanisées par la peur ?
Le texte serait le récit d’une vengeance réelle ou fantasmée. La gamine devenue une jeune femme se ferait elle-même justice. Nous sommes au théâtre. Il ne s’agit pas d’un appel à la violence, mais de retourner la violence que des femmes subissent par un geste artistique. D’écrire et de mettre en scène une situation issue d’une réalité.
Le travail de fiction s’affirme dans le choix des interprètes : deux jeunes comédiennes pour jouer ce tandem féminin/masculin. Là encore, il s’agit de détourner par le geste artistique ce qui pourrait prendre la forme d’un reportage.
L’écriture, dégraissée, incisive, tranchante, épurée jusqu’à l’os, fabrique une fausse oralité et interroge, elle aussi, la violence d’une sexualité imposée. Enfin, toujours dans cette ambition de se réapproprier cette violence, le texte de Pauline Peyrade s’écarte de la simple narration linéaire. Elle s’articule sur des temporalités et des lieux différents, dans une série de flash-back et de mises en abimes qui ne cessent de questionner le point de bascule où ce qui aurait pu être le début d’un flirt devient un viol et déclenche un traumatisme irréparable.
Pour conclure, ce spectacle, à l’origine destiné à des lycéens, fonctionne aussi bien dans des lycées que sur des plateaux de théâtre. Car la question du consentement n’en finit pas d’être posée et nous concerne tous.


  • Anne Théron
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