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: Note d'intention

Après avoir joué avec la langue répétitive de Gertrude Stein et celle musicale de John Cage, je me tourne vers leur précurseur : Lewis Carroll qui commença à inventer sa propre langue et ses fameux mots-valise, un siècle plus tôt. Le monde de Carroll résonne fortement depuis mes premiers voyages en Angleterre, à l’adolescence, où je ne comprenais pas encore un mot à la langue anglaise et peu de choses au spectacle qui s’offrait à moi, entre mariage royal et match de cricket, non loin d’Oxford. Depuis plusieurs années, je visite fréquemment l’univers Carrollien, mais c’est aujourd’hui, après un workshop/spectacle avec de futurs ingénieurs autour de la notion d’émergence, que j’imagine un spectacle où la dimension scientifique rejoint celle fantastique et picturale de son oeuvre.
A.L.i.C.E est une pièce qui part de l’autre côté du miroir à la rencontre d’Alice et de l’Absurde, mais aussi de Lewis et de la Logique. Nous laissons de côté le Pays des Merveilles, déjà très visité, pour nous intéresser à sa suite, Through the Looking Glass and what Alice found there, moins touristique et peut-être plus propice à une scène. La présentation de l’oeuvre, comme une partie d’échecs, la décompose d’emblée comme une suite de séquences. C’est une proposition d’espace et de mouvementsc avec laquelle nous avons joué Ce texte dévoile clairement le goût de l’auteur pour les mathématiques et la logique et résonne encore aujourd’hui avec les théories contemporaines de l’évolution. Nous effectuons ainsi, des allers-retours entre cette étrange narration, imprégnée de Shakespeare et Cervantès et l’auteur lui-même qui improvise, en ramant dans une barque, pour des jeunes filles, une histoire qui semble à des années lumières du personnage d’assistant-professeur qu’il incarne à Oxford, terne et bègue. Nous avons développé le rapport aux images, qu’entretenait intimement Carroll avec les moyens de son époque, le dessin, les débuts de la photographie et les prémices du cinéma, en les transposant avec les outils de traitement d’images et de sons d’aujourd’hui.
Pour mener une enquête sur le sens et le non-sens, sur l’endroit et l’envers, le réel et le virtuel, Alice se retrouve tantôt en position d’enquêtrice, tantôt cobaye, tantôt protagoniste et ainsi se construit et grandit.
Les trois actrices se partagent tous les rôles et figures qui se construisent avec masques, couronnes, dessins, caméras et autres miroirs pour un voyage d’apprentissage en anglais et en français au pays du langage et des signes.
Un voyage initiatique de l’enfance à l’âge adulte, à travers les paradoxes du sens et de cette île Britannique qui voit cohabiter Shakespeare et les Sex Pistols, Reines et Punks, thé au lait et corned-beef, en blanc et rouge.

Benoît Bradel

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