Après la reprise époustouflante de sa pièce Les Aiguilles et l’opium l’année dernière, le dramaturge et metteur en scène québécois Robert Lepage présente un nouveau spectacle très personnel, qu’il définit comme une incursion dans l’univers de la mémoire. Quels sont les critères de sélection de nos souvenirs ? Quels mécanismes président à leur évocation et à leur construction dans notre cerveau ? Pourquoi se souvient-on d’un détail insignifiant ou futile de notre enfance, alors même que l’actuel et l’utile nous échappent à tant de reprises ? Dans la lignée de ses textes méditant sur la vie, la nature humaine et l’histoire, l’artiste magicien acclamé sur les scènes du monde entier s’attelle cette fois à une réflexion sur le mystérieux fonctionnement de la mémoire, intime et collective, à l’heure où l’ère numérique assure l’accès à une masse de données inédite.
On se réjouit de retrouver une mise en scène minutieusement réglée, dans une scénographie intimiste qui transfigure l’espace scénique et évolue au fil des souvenirs convoqués par le récit. Comme à son habitude, Robert Lepage allie l’originalité de son sujet au déploiement de dispositifs technologiques étonnants, travaillant la scène comme un film dont il est le réalisateur. 887 nous offre en prime l’occasion de le voir seul en scène et de (re)découvrir les multiples facettes de son talent d’acteur.