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: Le Projet

L’idée de 4M4A (quatre mythes quatre auteurs) est venue à Ismaïl Safwan, son metteur en scène, plus de deux ans avant la création. Au fur et à mesure que le projet prenait forme, des notes d’intention le décrivant furent envoyées par la compagnie Flash Marionnettes à tous les théâtres que l’accueil du spectacle serait susceptible d’intéresser. En voici quelques extraits :

La thématique de 4M4A (quatre mythes quatre auteurs) nous est venue — ou, pour le moins, s’est confirmée — à la (re)lecture du livre de Jean-Pierre Vernant, le grand helléniste, L’Univers, les dieux, les hommes, dont nous pourrions reprendre au mot à mot l’objectif qu’il décrit dans son avant-propos :
« Dans ce livre, j’ai tenté de livrer directement de bouche à oreille un peu de cet univers grec auquel je suis attaché et dont la survie en chacun de nous me semble, dans le monde d’aujourd’hui, plus que jamais nécessaire (...). J’ai essayé de raconter comme si la tradition de ces mythes pouvait se perpétuer encore. La voix qui autrefois, pendant des siècles, s’adressait aux auditeurs grecs, et qui s’est tue, je voulais qu’elle se fasse entendre de nouveau aux lecteurs d’aujourd’hui, et que, dans certaines pages de ce livre, si j’y suis parvenu, ce soit elle, en écho, qui continue à résonner. »
Il suffirait de remplacer les mots « livre » par « spectacle » et « lecteurs » par « spectateurs », pour qu’un de nos principaux objectifs soit ainsi décrit... (novembre 2011)


« La mythologie grecque, dont la liaison avec la religion était des plus lâches, n’a pas été au fond autre chose qu’un genre littéraire très populaire. »
Paul Veyne (Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Éd. Le Seuil)



Quatre mythes…
Il est frappant de constater à la lecture, ou relecture, des mythes grecs et romains, à quel point cette mythologie reste vivante, parce qu’elle met en scène des héros dont les souffrances morales, physiques ou métaphysiques nous touchent et continuent de nous concerner, parce qu’aussi le rire provoqué par les frasques des dieux n’en est pas absent, et que le miracle de la mythologie grecque — un monde humanisé où les hommes sont libérés de la peur paralysante d’un Inconnu omnipotent — opère toujours.
Cependant, nous retrouvons les récits mythiques, comme l’écrit Jean-Pierre Vernant, « en fin de course, fossilisés en des écrits littéraires ou savants » alors que, « aussi longtemps qu’une tradition orale de légende est vivante, qu’elle reste en prise sur les façons de penser et les moeurs d’un groupe, elle bouge : le récit demeure en partie ouvert à l‘innovation. »… Nous est alors venue l’idée d’un spectacle dont le principe même serait de “rénover” le récit mythique avec la langue de quatre auteurs francophones d’aujourd’hui. Le titre en est explicite : il s’agira, pour chacun des quatre auteurs contemporains qui se seront prêtés au jeu, de réécrire, réalimenter, “revigorer” un mythe gréco-romain.


Quatre auteurs…
Plus de dix siècles, entre l’époque archaïque grecque et l’antiquité romaine tardive, peuvent séparer les écrits concernant un même héros ou un même mythe : nous rajouterons quinze autres siècles, pour parvenir à la France contemporaine et ses auteurs de théâtre, tenants à leur façon de la tradition orale d’aujourd’hui, puisque la représentation théâtrale est, tout comme les aèdes le furent, dépositaire de la parole transmise.
Les mythes grecs nous ont été transmis par de nombreux écrivains grecs ou romains, d’Homère à Ovide, d’Eschyle à Apulée, d’Aristophane à Virgile… La plupart des récits mythiques étant assez brefs (les épopées telles L’Odyssée sont elles-mêmes composés d’épisodes), ils ne supporteraient pas le temps d’un spectacle entier. L’idée de quatre auteurs contemporains différents, chacun d’eux prenant en charge un mythe, s’est donc imposée tout naturellement. Il nous a semblé, en outre, que ce principe, assez rare au théâtre, s’accommoderait fort bien de la forme marionnette, à même d’autoriser à chaque auteur de grandes libertés et fantaisies visuelles. (janvier 2012)


Notre époque, dit-on, a plus que jamais besoin d’histoires. Mais les histoires qu’on lui sert sont celles, superficielles et mensongères, du storytelling. Autrement plus profonds, universels – et donc, en réalité, moins obscurs –, sont les récits qui nous viennent du monde gréco-romain. Et comme nous aussi nous croyons que les histoires sont importantes et qu’elles aident à construire les hommes, nous avons bon espoir, en confiant des mythes anciens à des auteurs contemporains, que ceux-ci sauront en réactualiser toute la force. (juin 2012)


Je n’imaginais pas, en confiant une douzaine de mythes à quatre auteurs, que du hasard de leurs choix respectifs naîtrait un aussi beau fil rouge reliant les pièces entre elles. Regard illusionné de Ianthé sur Iphis, fille que tout le monde croit garçon ; regard du Cyclope anéanti par le pieu rougi au feu d’Ulysse, celui-ci et tous les témoins ayant ensuite à subir le jugement de Thémis, la justice aveugle ; regard lancé trop tôt par Orphée à Eurydice, à l’instant même de conquérir leur liberté ; regard amoureux-vénéneux de Narcisse sur son propre reflet... Et par-dessus tout, le regard posé par « mes » quatre auteurs sur ces mythes, avec une invention au-delà de mes espérances.
Ismaïl Safwan

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