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4 pieds au sec

+ d'infos sur le texte de Ivana Sajko traduit par Mireille Robin
mise en scène Urszula Mikos

: La pièce

L’art de Sajko tient à sa manière implacable de dépeindre une sorte d’apocalypse, de rendre palpable l’engloutissement du monde. Mais si la pièce, d’une évidente densité, constitue la chronique d’un naufrage d’une civilisation, elle tente de donner vie à l’héroïsme des personnages, celui de vouloir rire de leur existence, de chercher envers et contre tout à exister.


Ce troublant paysage à la Tarkowski ne semble plus habité que par deux personnages presque clownesques – au sens Beckettien du terme, et à l’énergie inépuisable... Comédiens-figures, parcourent une série de tableaux dans le lieu indéfinissable - chambre, refuge, bateau - qu’ils doivent habiter. Leur temps, lui aussi, paraît indéfinissable, sans qu’on sache même si on se trouve avant ou après la catastrophe Durant la pièce, ponctuée d’annonces alarmistes décrivant les avancées de l’eau, la pluie ne cesse jamais, noyant les êtres et les choses . Autour d'eux, un déluge d'eau s'abat et noie progressivement le paysage. De cet univers urbain détrempé, chacun tente de se raccrocher à des bribes de souvenirs, à des sensations, à l'autre, pour échapper au naufrage du monde...


Extrait :
« LE TENOR Il pleut toujours. Les journées vont continuer à s’écouler comme jusqu’à présent. Bruineuses, dégoulinantes. Tous les matins, tu ouvriras la fenêtre et tu contempleras la surface trouble des eaux. Et jamais il n’y aura rien d’autre que nous deux. Il serait stupide de nous mettre à nous détester, à nous tourner le dos, à ne plus nous adresser la parole… Si nous demeurons les seuls êtres encore en vie, il serait horrible que tu n’aies plus rien à me dire. Après les grands bouleversements se produiront de petits changements, des révolutions au jour le jour, accompagnées de nouveaux hectolitres venant grossir les eaux marécageuses du vieux bassin.
Toi, si tu le peux, observe ce qui se passe en profondeur, dirige ton regard vers les racines des nénuphars, vers le fond et les sépultures, vers les yeux menaçant de la crue. Puis, si tu le peux, viens jusqu’à moi. Je dormirai encore. Ne tremble pas en cet instant, ne te montre pas froid, ni veule. Ne m’éveille pas si tu n’as pas à me dire des phrases plus agréables que mes rêves. Réveille-moi pour me donner une raison de me lever.
(Et c’est tout ce que le Ténor a jamais pu attendre d’un matin: le plaisir de s’étirer paisiblement, avec la certitude que le jour s’est à nouveau levé.) »

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