Encore une fois j’ai eu envie, d’une façon différente de raconter l’histoire de la maison de mon grand- père, dans laquelle j’ai vécu une vingtaine d’années. Maison vaste et mal fichue qui comportait outre les lieux intimes, une épicerie ouverte dans les années 30, et des dépendances consacrées aux bestioles ; lapins, poules, chiens ; plus un grand jardin, un verger ; des caves innombrables et des greniers.

La maison se trouve tout près de Sochaux, bien connue pour ses usines et son club de foot. Comment faire théâtre d’une histoire intime plutôt banale même si elle ne manque pas de tragédies et d’épisodes cocasses. C’est une forme qu’il faut trouver bien évidemment. La question de la forme au théâtre est une question que je me pose toujours. Ici, la résolution est passée par la distribution. Catherine Matisse et Laurent Charpentier. C’est pour eux que je voulais écrire. Donc deux « voix ». Un dialogue ? Des narrateurs ? Oui, mais. Il faut « un Mystère  ». Comme on disait au Moyen-Âge. Donc la Légende plutôt que l’anecdote ! La réalité transfigurée. Le Drame plutôt que le bavardage. L’étrangeté plutôt que la crudité. Alors j’ai eu une image : deux revenants errent dans les pièces vides d’une maison ! Ainsi, peuvent se reconstituer les histoires, les biographies ; l’Histoire. Peut-être qu’à l’image on ne voit rien ou pas grand-chose.

Les Mots fabriqueront la Fiction ! Et on entendra la belle et terrible Histoire des  « trente Glorieuses  » ; métamorphoses et mutations ! Passions et mortifications ! Une vie, des vies ordinaires, donc exemplaires. La vie d’une Maison comme la métaphore d’une civilisation en mouvement comme le reflet d’un fragment d’histoire. Vérité déformée, aléatoire, universelle.