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1336 (Parole de Fralibs)

+ d'infos sur le texte de Philippe Durand
mise en scène Philippe Durand

: Note d'intention

Il a fallu cinq ans de lutte contre la multinationale Unilever avant que les ouvriers de Fralib n’arrivent à sauver leur usine et leurs emplois. Dans le contexte actuel d’économie financiarisée, les Fralibs, 40 ans après les Lip, se lancent dans l’aventure d’une nouvelle expérience d’autogestion. Pour que l’humain soit au centre de l’entreprise.


Ils fabriquaient les sachets de thé et infusions Eléphant, ils créent désormais leur propre marque : « 1336 » ; comme les 1336 jours de lutte, entre la fermeture de leur usine en septembre 2010 et la signature de l’accord de fin de conflit en mai 2014, qui leur a permis de lancer la coopérative.


Les Fralibs depuis sont devenus les Scop-Ti.
Ils ont enfin pu démarrer la production à la fin du mois d’août dernier. Leur marque sera bientôt présente dans toutes les grandes surfaces...


1336 (parole de Fralibs) est la rencontre avec ces ouvriers à Gémenos, dans leur usine, tout près de Marseille, au mois de mai 2015, peu de temps avant le lancement de la marque.


J’ai écrit le texte à partir d’interviews menées avec plusieurs d’entre eux. En réalité, je n’ai pas véritablement écrit : je n’ai fait qu’agencer leurs paroles, gardant les répétitions, les fautes de français, les expressions ou les syntaxes singulières, afin de conserver l’oralité.


Ils racontent eux-mêmes, par ma voix, leur histoire avec Unilever : des ouvriers, attachés à leur travail, à leur usine, à l’humain dans l’entreprise, à ne pas céder.
Ils racontent la lutte, les actions, occupations d’usine, procès, les manoeuvres utilisés par l’ogre Unilever qui dispose de moyens illimités, et les soutiens solidaires d’une grande partie de la population dans leur combat perdu d’avance.
Mais aussi la difficulté, après la victoire, de construire leur projet collectif. La puissance de cette société individualiste est telle qu’elle ne semble plus nous disposer à vivre une aventure collective ; tout est à réapprendre, ou désapprendre.


Ce qui leur est arrivé, c’est un cas parmi tant d’autres aujourd’hui, de travailleurs ballotés par les volontés des actionnaires et leur soif de profits.
Les logiques commerciales à l’æuvre dans notre monde moderne nous poussent parfois à faire des choix totalement absurdes. Il semble que nous y soyons peu à peu tous confrontés, dans tous les domaines.
Au milieu, des hommes et des femmes se débattent, essaient d’exister.
Leur combat est donc vite devenu emblématique, comme une alternative à ces logiques dévastatrices, un espoir au milieu du marasme.


L’idée de ce projet est venue de la lecture d’un essai de Pierre Rosanvallon Le Parlement des invisibles, dans lequel il décrit un contexte de crise de la représentation, de crise de la compréhension de la société, et parle d’un besoin de voir les vies ordinaires racontées, les voix de faible ampleur écoutées ; il s’agit dans cet essai de se réapproprier son existence, de revaloriser nos vies, sortir de l’isolement.


Il y a trois ans, moi aussi, j’avais organisé sans y penser « un petit Parlement » à Saint-Étienne : j’avais interviewé plusieurs Stéphanois et agencé leurs paroles dans un texte que je proposais en lecture. C’est devenu une petite forme conviviale que j’ai beaucoup joué.
1336 (parole de Fralibs) a été conçu à partir de cette expérience, convaincu que j’étais de la pertinence de cette forme.


Ce texte, je le lis donc. C’est la façon la plus juste, me semble-t-il, de le faire entendre. J’ai la sensation qu’incarner ces paroles n’apporterait rien de plus, le projet pourrait même y perdre de son intérêt. La place la plus juste pour moi est celle d’un porte-parole. Un porte-parole qui n’est pas neutre certes, mais enrichi et transformé par ces rencontres.
J’ai construit le projet du début à la fin : depuis une première rencontre en juillet 2014 jusqu’aux interviews menées en mai 2015. J’ai suffisamment d’empathie avec ces personnes, les paroles sont suffisamment fortes pour en faire bien plus qu’une simple lecture. On sort de l’isolement.
Ces présentations sont l’occasion de créer du lien entre les gens et sont toujours suivies d’échanges et de débats avec les spectateurs.

Philippe Durand

octobre 2015

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