« Dans Les Géants de la montagne– l’ultime pièce, demeurée inachevée, de Pirandello– une petite troupe d’acteurs en quête d’un théâtre et d’un public trouve asile dans une vieille villa isolée, squattée par une bande de marginaux dont les noms évoquent des artistes de cirque ou de music-hall, une villa dont la pièce centrale est appelée “l’arsenal des apparitions” et qui vit sous la houlette d’un magicien nommé Cotrone.

La pièce devait finir par une image qui entérinait la destruction totale de l’art dans le monde moderne : est-ce pour résister à ce cauchemar qu’il ne l’acheva jamais ? Comme s’il n’avait pu se résoudre à l’écrire ? Comme s’il n’avait pas voulu totalement donner raison à Cotrone, avec qui on sent bien pourtant qu’il s’identifie ? Comme si l’art, et le monde avec, avaient encore une chance de s’en sortir?

Dans un pays menacé par la montée des intolérances, un pays déchiré par trop d’inégalités et abimé par trop de désespérances, je veux croire à un art qui ne s’enferme pas dans la villa de Cotrone, et prenne sa part – modeste mais nécessaire – à l’invention de la société. »

Stéphane Braunschweig

Cette pièce, mise en scène par Stéphane Braunschweig, sera présentée au Théâtre national de La Colline du 2 au 17 septembre et du 29 septembre au 16 octobre 2015