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Colloque / Le geste de témoigner : un dispositif pour le théâtre

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Colloque international sous la responsabilité de Georges Banu, Catherine Naugrette et Jean-Pierre Sarrazac

Du point de vue théâtral, il existe deux grands types de témoignage. L’un pourrait être dit politique et l’autre intime. et il n’est bien entendu pas interdit de les faire se combiner. L’un et l’autre en tout cas se distinguent par une sorte de détachement par rapport à l’action, par leur fonction de regard sur les événements qui constituent la fable. Le dénominateur commun à ces deux témoins, c’est qu’ils ne sauraient être des personnages agissants au sens aristotélicien et des personnages dotés de buts d’action, comme le précise hegel. en eux, au contraire, une certaine passivité.
d’une part, le personnage brechtien, qui se présente comme le témoin oculaire d’un événement, d’un accident – d’une « scène de la rue ». d’autre part, l’homme comme témoin de lui- même, c’est-à-dire de sa propre souffrance. dans Le Pèse-nerfs, Artaud proclame : « Je suis témoin. Je suis le seul témoin de moi-même ». il devance ainsi l’Adamov de l’Aveu et des premières pièces (La Parodie, L’Invasion). mais il fait aussi écho, très directement, à strindberg affirmant qu’il n’est au monde que « pour voir sa propre vie sur une scène ». des analyses de giorgio Agamben, nous retiendrons que lorsqu’un homme témoigne de ce qu’il a lui-même vécu, c’est toujours, dans une sorte de dédoublement, à un autre que lui-même – ou à un autre en lui-même – qu’il s’efforce de donner la parole : celui qui, précisément, a connu à ce point la souffrance – Agamben parle alors de la shoah – qu’il ne saurait la dire et qu’il en reste muet. Le « geste de témoigner », qui fait l’objet du colloque, concerne aussi bien l’écriture que la mise en scène et le jeu. C’est en cela qu’il constitue un « dispositif » pour le théâtre moderne et contemporain... Auteurs, metteurs en scène, comédiens seront donc largement invités à apporter leur contribution – à côté de celle des chercheurs – à cette manifestation.
Jean-Pierre Sarrazac, le 9 mars 2010

Matin / Présidence : Jean-pierre RYNGAERT (sorbonne nouvelle - paris 3)
9h : Ouverture du colloque
Jean-pierre SARRAZAC (sorbonne nouvelle - paris 3 - uCL) : Le Témoin et le Rhapsode ou Le Retour du Conteur
9h55 : Hélène KUNTZ (sorbonne nouvelle - paris 3) : Témoins réels en scène
10h20 : Magali CHIAPPONE-LUCCHESI (sorbonne nouvelle - paris 3) : Le double testimonial de Charlotte Delbo
11h: pause
11h15 : Mireille LOSCO-LENA (Lyon-2) : Le pitre témoin
11h40 : Michel VINAVER (auteur dramatique) et Arnaud MEUNIER (metteur en scène – directeur du Cdn de Saint-Etienne). discussion animée par simon CHEMAMA (sorbonne nouvelle - paris 3) : Témoignage et action au théâtre

Après-midi / présidence : Joseph DANAN (sorbonne nouvelle - paris 3)
14h15 : Jacques DELCUVELLERIE (auteur, metteur en scène). dialogue avec Fabien DARIEL (UCL) : Du témoignage du monde au témoignage de soi
15h15 : pause
15h45 spectacle de Denis GUENOUN (paris-4 sorbonne), avec Stanislas ROQUETTE (comédien) : Qu’est-ce que le temps ? (Le Livre XI des Confessions d’Augustin)' 17h : pause
17h30 Valère NOVARINA (écrivain, metteur en scène, peintre). dialogue avec Olivier DUBOUCLEZ (philosophe) : L’acteur sacrifiant