theatre-contemporain.net artcena.fr

Photo de France Culture

France Culture

Type de structure : Média

écouter

en partenariat avec France Culture

Numéro 14. Les danseurs étoiles

L’Atelier intérieur s'ouvre aux danseurs, aux étoiles. Et à leurs corps fragiles. On n’est pas dans la gymnastique ou dans l’exploit sportif. On est dans la pensée qui fait danser. La pensée fait danser les hommes qui décident d’être sans parole. Est-ce qu’on danse par refus d’entrer dans les gestes de la vie courante, est-ce pour ça qu’on s’invente un autre quotidien, d’autres états du corps ? Qu’on choisit la danse classique comme si on choisissait un autre monde, avec ses propres règles, et ses propres risques aussi, puisque sur les milliers de pas, il y a forcément les faux-pas. L’image de départ ce soir serait celle-là : Jean Guizerix danse avec ses mains. Il dit « mes mains sont mes pieds. On ne connaît un mouvement que quand on le sait avec les mains ». Le danseur étoile est face au jeune danseur, il transmet le mouvement. Ses mains tracent le chemin et la danse revit, elle revient, elle file d’un corps à un autre. Dans CARTEL le spectacle de Michel Schweizer, les corps parlent. Lui les observe l’étoile bouger et dit ce qu’on pense tous : « Le temps n’a pas de prise sur ce que le corps a aimé ». Le corps aime encore, il retrouve tout, il n’a rien oublié. Et l’âge ne peut rien lui voler. Il est plein de mouvements ineffacés, ineffaçables. On les lit sur la peau de Jean Guizerix, entré à l’Opéra de Paris en 1964, étoile en 1972. Et on se rend compte qu’on pourrait regarder pendant des heures : cette chorégraphie de mains. Parce que ce n’est pas une leçon de danse, c’est un témoignage. Et j’aurais presque envie ce soir qu’il réponde à tout avec les mains. Dans le silence. Répondre par une danse. Avez-vous déjà vu les mains d’une étoile ? Elles contiennent tout. Tous les tracés et tous les rôles. Ce ne sont pas celles de l’homme ordinaire : les lignes sont claires. Alors ouvrez les mains, et pensez à tous vos gestes ineffacés. Puisque le temps n’a pas de prise sur ce que le corps a aimé . Rien ne différencie le jeune homme de l’homme âgé la main contient la pensée, la pensée fait danser, ouvrez les vôtres en étoile et commencer à recevoir les lignes que ce soir ensemble, nous allons tracer.

lundi 2 décembre 2013