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Marie Dilasser

France – Né(e) en 1980

Marie Dilasser est née en 1980 à Brest. Elle a fait partie de la première promotion du département d'écriture dramatique de l'Ensatt, qui a ouvert ses portes en 2003. Le principe pédagogique élaboré par Enzo Cormann, directeur du département, est de laisser à chaque étudiant auteur sa liberté dans son projet d'écriture. Les textes en cours sont soumis tous les quinze jours à « un studio » constitué d'auteurs plus accomplis, aux esthétiques différentes, qui critiquent, commentent et partagent leurs avis sur l'écriture. Par ailleurs la mise en place de différents ateliers, (dramaturgie, traduction, lecture à voix haute) d'un comité de lecture et de stages dans les différents départements de l'école (mise en scène, jeu, administration, scénographie, costume, son et lumière) complètent la formation de trois ans.

Marie Dilasser revient sur ces années d'apprentissage et sur son jeune parcours d'auteur dramatique :

J'ai commencé à écrire du théâtre entre 1995 et 2001.
En 2003, je suis entrée à l'Ensatt dans le département écriture dirigé par Enzo Cormann et cela m'a permis de vérifier la ténacité de ce plaisir.
La première année le sujet est libre, le travail est surtout personnel et les rendezvous essentiels sont fixés un jeudi sur deux : C'est "le studio". Trois morceaux de textes sont passés au crible par nous-même, les étudiants (Samuel Gallet, Sabine Tamisier, Thibault Fayner, Silvère Valtot, Cédric Bonfils et moi-même) et par Enzo Cormann, Pauline Sales, Vincent Bady, Fabrice Melquiot et Jean-Pierre Siméon. Ça chipote là-dedans, chacun avec son oeil et c'est comme ça qu'on apprend. Les détails du sujet comptent plus que le sujet en lui-même tant que celui-ci donne l'impulsion nécessaire à l'auteur pour défier les clichés et se laisser surprendre par une phrase ou une action inattendue qui invite à un geste radical.

Mon premier texte "Décomposition d'un déjeuner anglais" a été pour moi un support pour découvrir ce qu'il est possible d'écrire au théâtre par rapport à ce que j'en attends, c'est à dire une "manifestation" (dans le sens qu'elle prend dans la rue.) Pour l'instant, c'est le mot qui me vient pour désigner cette chose un peu brutale que j'imagine être "le théâtre". Pour compléter le studio, nous avons eu pendant trois ans des ateliers de réflexions philosophico-politico-dramaturgique avec Olivier Neveux, des comités de lectures avec Mireille Losco, de la traduction avec Denys Laboutière ainsi que des ateliers de lectures avec Dominique Laidet.

En deuxième et troisième année, nous avons découvert des morceaux du paysage théâtral français à travers des commandes de pièces brèves passées par différents festivals consacrés à l'écriture dramatique contemporaine (La Mousson d'été dirigé par Michel Didym à Pont à Mousson, Temps de paroles à la Comédie de Valence, Je est un autre, scène ouverte) pour d'autres festivals, nous avons été des « journalistes » occasionnels (les Langagières à la Comédie de Reims, Regards croisés du Troisième bureau à Grenoble.)

A travers ces différentes expériences, l'école nous a permis de rentrer par la grande porte, et de faire des rencontres importantes. Comme celle avec Michel Raskine, qui a mis en scène un court texte intitulé Quoi être maintenant ? interprété par Claire Semet, Hélène Viviès et les musiciens Aymeric Avice et Pierre-Antoine Badaroux (élèves de Riccardo Del Fra au Conservatoire national supérieure de musique de Paris) au festival Temps de paroles. Le travail sur mon écriture a plu à Michel Raskine et je voulais depuis longtemps faire un triptyque à cause des tableaux de Francis Bacon, les choses se sont faites avec l'appui de la Comédie de Valence et notamment, celui de Pauline Sales, d'Enzo Cormann sans oublier le soutien de l'Ensatt. Me zo gwin ha te zo dour ou Quoi être maintenant ? est donc une sorte de manifestation ou de parade en trois volets sur des questions identitaires qui vont avec le conditionnement (d'où la présence des animaux entre chacun des volets). J'ai choisi ce sujet, d'une part parce qu'il m'invitait à faire éclater la vieille et pauvre notion d'identité administrative collée à tout individu. Et d'autre part, cela m'a aidée à élucider un peu plus mon "projet théâtrale" dont le postulat de départ est de suivre toujours les même personnages qui se retrouvent dans des lieux, des situations et des relations différentes à des âges différents. Cela parce qu'une vie humaine est autant faite de "c'est comme ça" que de possibles et de virages inattendus.
Ces personnages sont pour moi, en quelques sortes, des moteurs de recherches pour comprendre et analyser un monde qui me déplaît autant qu'il me plaît.
Après, il est évident que le geste d'écrire du théâtre me fascine parce que c'est un moyen de faire travailler et de concrétiser des pensées qui me traversent (dans leurs potentialités à faire "changer le monde") et que la représentation devant une assemblée remet en mouvements.
Mais c'est un geste un peu difficile et parfois désespéré pour que je puisse en faire mon métier alors, comme j'ai la chance d'avoir rencontré un paysan qui élève quelques brebis, vaches et truies, alors, je me spécialise dans les truies et le théâtre.


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