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Être une amateur
Texte commandé à Jean-Luc Lagarce par Théâtre Ouvert à l’occasion d’un « Parcours d’auteurs » de trois semaines avec une traversée de l’oeuvre d’Eugène Durif‚ de Jean-Luc Lagarce et d'Armando Llamas‚ en mars 1990. (© Les Solitaires intempestifs)
Être un amateur‚ « celui qui aime »‚ un auteur amateur.
Et aimer encore être amateur. Piéton aussi et
promeneur‚ c’est possible. Ne pas dire le mot « professionnel
de l’écriture »‚ s’en garder‚ prendre ce risque.
Tant pis. S’enfuir quand on vous parle d’écrire comme
métier au mépris de toute logique et nier devant les
douaniers ou les réducteurs de têtes. Écrire pour soi‚
sans le savoir‚ et pour deux ou trois autres‚ une seule
personne parfois et seulement‚ ensuite‚ par lâcheté ou
pour abîmer les choses ou pour s’en débarrasser ou‚
plus probable‚ s’obliger à les admettre‚ noires sur
blanc‚ avouer aux autres‚ tous les autres‚ donner à lire‚
perdre la pudeur‚ laisser s’échapper et se répandre.
Faire un métier.
Écrire à la place d’aimer‚ en guise d’aimer‚ ou pour
aimer plus et faire de cette forme de l’amour un métier
comme un autre. Il y a un nom.
Parler beaucoup‚ écrire énormément‚ et longuement pour éviter dans le silence d’être interrogé. Avouer tout pour ne pas être questionné.
S’en moquer aussi. Un mot pour un autre‚ qu’est-ce que cela fait ? Écrire souvent d’ailleurs‚ « qu’est-ce que cela fait ? » Le penser vraiment. Les choses essentielles sont sans importance‚ et réciprocité‚ j’allais l’oublier.
Jean-Luc Lagarce
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