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Jean-Louis Bachelet

France

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Rencontre impromptue avec Jean-Louis Bachelet by Alix de Boisset




Par le plus grand des hasards, j’ai eu la chance de rencontrer Jean-Louis Bachelet. Pianiste et auteur dramatique, Jean-Louis Bachelet pratique depuis dix ans en alternance récitals et mises en scène. Formé à la mise en scène dans les années 1980, il se passionne pour le théâtre d’ensemble russe et découvre Lorca, Mishima, et Koltès. Sa première pièce, «La nuit au jardin d’Eden», consacrée à la mémoire des déportés en Union Soviétique, est montée en 1998 au Studio Le Regard du Cygne. En 2000, Jean-Louis Bachelet entre dans la compagnie Alma Viva pour un spectacle musical autour des mélodies de Prévert et Kosma. En 2003, Il participe au Théâtre du Nord Ouest à l’intégrale Claudel, avec la comédienne Laure Lattuada. En 2005, il apparait en tant que pianiste au côté de Robin Renucci, dans la pièce « Le pianiste », à la Pépinière Opéra. En 2007, il met en scène «Le Périple d’Eva» avec la comédienne Jessica Jhean. Fondateur de la Compagnie Anser Fabilis pour faire jouer ses pièces, « Regarde, meurs, souviens-toi » est sa vingt-troisième pièce consacrée à trois moments de la vie d’une déportée à Ravensbrück… Voici les questions que j’ai souhaité poser à Jean-Louis Bachelet dont le talent m’a d’office conquise. Je préfère le mot « visage » à celui de « figure »; le visage est ce qui définit la personne dans sa relation première et immédiate à l’autre…si on s’en tient à cette définition, il ne peut y avoir de « visage » si d’autres ne vous ont pas reconnu à travers celui-ci…j’ai sans doute un « visage littéraire » pour mon éditeur et mes comédiens, mais ce n’est pas suffisant pour faire un écrivain.

1. Vous considérez-vous comme une figure littéraire ?

Jean-Louis Bachelet : Je préfère le mot « visage » à celui de « figure ». Le visage est celui qui définit la personne dans sa relation première et immédiate à l’autre… Si on s’en tient à cette définition, il ne peut y avoir de « visage » si d’autres ne vous ont pas reconnu à travers celui-ci… J’ai sans doute un « visage littéraire « pour mon éditeur et mes comédiens, mais ce n’est pas suffisant pour faire un écrivain.

2. Comment définiriez-vous votre style ?

Jean-Louis Bachelet : Comme auteur je me suis nourri, et je me nourris encore de tous ceux qui ont bouleversé ma vie : Dostoïevsky, Mishima, Lorca. Je crois avoir construit mon écriture dans un désir impérieux de communier à ce que les êtres et les choses ont de plus intime, de plus secret, de plus indicible, avec la volonté de le faire partager.

3. Qu’est-ce qui vous a poussé vers la musique et le théâtre ?

Jean-Louis Bachelet : J’ai su très tôt que je consacrerai ma vie au piano et au théâtre. Mon enfance a été marquée par le sentiment de deuil que provoquaient les nombreux déménagements liés à la profession de mon père. L’art, comme la foi, est devenu très vite le lieu de l’unité de ma vie, ma terre d’élection, celle qui me permettait d’exister, tout simplement.

4. Pourquoi avoir monté cette compagnie de théâtre Anser Fabilis ?

Jean-Louis Bachelet : J’ai monté cette compagnie pour faire jouer les 24 pièces que j’ai écrites.

5. Pourriez-vous expliquer votre mise en scène en quelques mots ?

Jean-Louis Bachelet : La mise en scène doit dire ce que ni les comédiens ni le textes ne peuvent dire. Quand tout est dit par les acteurs et le texte, la mise en scène doit être Silence. Dans ma pièce « Regarde, Meurs, Souviens-toi », tout est ordonné en vue de ce silence visuel, qui seul peut permettre de recevoir cette terrible histoire des camps.

6. Quels sont les univers littéraires ou artistiques qui vous influencent dans votre travail ?

Jean-Louis Bachelet : Le cinéma de Tarkovsky, notamment le film Nostalghia, et l’oeuvre de Dostoïvsky, sont ma bible artistique.

7. Qu’attendez-vous des comédiens ?

Jean-Louis Bachelet : Je forme mes comédiens en vue de leur permettre de vivre un lien vivant et signifiant avec les gens à qui ils s’adressent. Un bon comédien n’est pas quelqu’un que l’on voit, mais quelqu’un à travers qui l’on voit. A ce titre, les écoles parisiennes de formation de l’acteur font un véritable travail de sape, qui conduit à la destruction du jeu, à la destruction de l’acteur, à la destruction du théâtre tout entier. Nous misons sur le travail du corps, ce dernier étant le lieu même de la libération des intentions cachées dans le coeur de l’acteur; nous n’intervenons jamais sur le vécu, l’affect, l’intimité des gens, au risque de tomber dans la manipulation pure et simple. Le metteur en scène doit être à l’image du jardinier qui est témoin de la croissance de ses fleurs, et qui n’intervient qu’en vue de leur épanouissement.

8. Quelles missions donnez-vous au Théâtre ?

Jean-Lousi Bachelet : Je crois que le théâtre reste le lieu de la Rencontre par excellence. Le cinéma est merveilleux, mais les acteurs n’y sont que des images. Il y a sur scène l’occasion d’une rencontre véritable, en vue de réconcilier l’homme avec lui-même, et, comme le disait Tarkovsky, de le préparer à sa propre mort… Oui, le théâtre est le lieu de la Rencontre.

9. Et la Musique dans tout ça ?

Jean-Louis Bachelet : Liszt, Schumann, Rachmaninov, Debussy m’ont tout appris de ce qu’est la notion de Sincérité sur scène, et -pourquoi ne pas le dire, de Vérité. Quand on est pianiste classique, on ne peut pas mentir. J’ai fait une pause depuis 8 mois, à cause de ma nouvelle pièce qui me prend trop de temps.

10. Quels sont vos projets pour 2010 ?

Jean-louis Bachelet : Nous préparons ma nouvelles pièce « Troyennes« , d’après les auteurs antiques : Homère, Dictys de Crêtes, Quintus de Smyrne, Virgile, Ovide. Ce sera une pièce très festive, avec la célèbre danseuse orientale Lolie dans le rôle d’Athéna, les comédiennes de ma précédente pièce, et Véronique Ebel dans le rôle d’Hécube; je serai aussi sur scène pour accompagner chants et danses avec une Darbouka et un fifre. A travers l’histoire du sac de Troie, je veux montrer le choc de la civilisation de l’Amour (les troyens) et de la culture de mort (les grecs). Cette pièce sera l’occasion pour moi de montrer le vrai visage d’Athéna, d’Agamemnon, d’Achille, qui ne sont rien d’autres que des criminels de guerre.

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