Hélène Bessette publie son premier roman, Lili pleure, chez Gallimard en 1954. Elle a 35 ans.

Elle arrive de Nouvelle Calédonie, où elle a accompagné son mari, pasteur, dont elle vient de divorcer. Après la lecture de Marie Désoublie, roman en feuilleton publié dans Evangiles-Sud, l’ethnologue Maurice Leenhardt l’a recommandée à Michel Leiris.

Débarquée à Roubaix où elle a obtenu un poste d’institutrice et où elle loge avec son fils dans un hôtel situé en face de la gare, elle écrit. Le 4 décembre 1952, alors qu’elle a rendez-vous un peu plus tard dans la journée au Seuil avec Francis Jeanson et Paul Flamand, Raymond Queneau lui fait signer un contrat pour dix livres chez Gallimard. « Enfin du nouveau ! », s’exclame-t-il, décidé à faire connaître celle qu’il considère comme un écrivain majeur du XXème siècle.

De fait, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir ou Dominique Aury, Alain Bosquet ou Claude Mauriac, Claude Royet-Journoud ou Bernard Noël, partagent l’enthousiasme de Raymond Queneau et apportent à Bessette un soutien fidèle.
« La littérature vivante, pour moi, pour le moment, c’est Hélène Bessette, personne d’autre en France », Marguerite Duras, L'Express, 2 janvier 1964
Hélène Bessette obtient le prix Cazes pour Lili pleure, d’autres de ses romans sont retenus sur les listes du Goncourt et du Médicis.

En 1956, Hélène Bessette fonde le Gang du Roman Poétique. Une revue doit exprimer ce qu’elle entend par « roman poétique ». Ça sera Le Résumé 1 en 1969 (100 exemplaires dont 70 vendus), puis Le Résumé 2, qu’elle ne parviendra jamais à faire paraître en dépit du soutien d’André Malraux. L’oeuvre de Bessette, si elle peut être rapprochée du nouveau roman, ne ressemble à aucune autre.

Malgré l’intérêt formidable qu’elle a suscité dans les milieux littéraires et le soutien de nombreux écrivains majeurs de son temps, son oeuvre ne trouve qu’un écho décevant auprès du public.

Renvoyée de l’Education Nationale après de multiples mutations, femme de ménage, répétitrice, gouvernante, domestique en Suisse ou en Angleterre, Hélène Bessette doit faire face à des difficultés matérielles de plus en plus insurmontables. Son caractère difficile, la frustration de ne pas connaître un plus grand succès et que Gallimard refuse de publier certains manuscrits qui lui tiennent fortement à coeur, la mènent au bord de la paranoïa. Elle perd ses derniers soutiens.

Ida ou le délire est son dernier roman publié (1973). Après sa rupture avec Gallimard, elle continue d’écrire, jusqu’à la fin de sa vie, mais ne sera plus éditée. Elle meurt au Mans le 10 octobre 2000.

La biographie de Julien Doussinault parue en 2008 donne accès une vie aussi étonnante que l’oeuvre. La collection LaureLi, aux éditions Léo Scheer, offre aujourd’hui la possibilité de redécouvrir cet écrivain majeur et pourtant injustement méconnu.