Au milieu de la nuit, Jérôme va chez son frère aîné, qu'il n'a pas vu depuis bien longtemps. Leur mère ne donne plus de nouvelles, ils ne savent pas où elle est. Rencontre dans la nuit, dans un modeste studio sous les toits où par les deux fenêtres on peut accéder à la toiture. Vision de l'intérieur et de l'extérieur très réaliste, comme un décor de cinéma. Olivier Hébert installe un magnifique environnement très intelligent qui nous permet d’accéder à l'intime des personnages et aussi à l'apparence, tout comme le décor du studio.

Au début du roman « Anna Karénine », Tolstoi écrivait : « les familles heureuses se ressemblent toutes, les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon ». Remarque qui s’applique parfaitement à « Livret de famille », la magnifique et poignante pièce d’Eric Rouquette jouée par Christophe de Mareuil et Guillaume Destrem, exceptionnels de densité, de sobriété et de force. Deux frères, Jérôme et Marc son ainé, s’y affrontent, s’y expliquent et s’y retrouvent a

Deux frères se retrouvent. Ils ne s’aimaient pas beaucoup, mais les circonstances font que le plus jeune, un personnage qui accepte la vie sociale et semble avoir plutôt réussi, vient frapper à la porte du second, un marginal, un misanthrope, un déclassé. Il y a urgence : leur mère a disparu, et l’on est au cœur de la nuit. La conversation n’est pas cordiale. Entre eux, il y a tellement de rancune, d’inégalité, de non-dits. Ils n’ont pas eu le même droit à l’amour et à la réussite. Que de sournois contentieux entre eux ! Mais la réussite

Deux frères se retrouvent alors que leur mère s’est volatilisée dans la nature. Jérôme (Guillaume de Mareuil) panique. Marc (Guillaume Destrem) conserve son calme. C’est chez ce dernier, qui habite une chambre de bonne nichée sous les toits (très beau décor d’Olivier Hébert, ce qui est plutôt rare dans le off), que les deux frangins — aux antipodes l’un de l’autre — se retrouvent. Au fil des échanges plutôt vifs, souvent chaleureux, ils vont se dévoiler, se reconnaître.

Je pense à « Fenêtre sur cour », parce que le fabuleux décor de Olivier Hébert installe le spectateur, malgré lui, dans la posture du voyeur. Un voyeur qui assiste aux retrouvailles de deux frères que tout semble opposer. Deux frères qui s’étaient perdus de vue et sont contraints de passer une partie de la nuit ensemble, suite à la subite disparition de leur mère. L’occasion de revenir sur des blessures anciennes, de s’affronter, de tenter de se retrouver.