Je déroule toujours un fil logique dans mes livres, me semble-t-il, mais je ne m'arrête pas aux premières conclusions raisonnables auquel ce fil conduit. Je dévide toute la pelote et c'est ainsi, insensiblement, que mes textes basculent dans une forme de délire, qui n'est pas le délire du fou, encore moins le délire de l'ivrogne. C'est un délire scrupuleux, construit rigoureusement avec les outils mêmes de la raison, avec ces mêmes outils qui lui servent à édifier les structures et les architectures dans lesquelles nos existences se coulent. Je ne renonce pas à la méthode logique, au contraire, je l'épuise, j'en tire toutes les conséquences, tous les effets. Mais j'exagère à peine et aussitôt l'incongruité surgit.

Eric Chevillard

Né en 1964 à La Roche-sur-Yon, Eric Chevillard est l'auteur d'une dizaine de romans, qui sont bien plus des morceaux choisis de prose poétique que des romans.

Il a vingt-trois ans lorsque paraît le premier Mourir m'enrhume. Suivront Palafox, Le Caoutchouc décidément, La Nébuleuse du crabe, Au plafond, L'oeuvre posthume de Thomas Pilaster, Les Absences du capitaine Cook, Le vaillant petit tailleur, Oreille rouge.

Les récits de ce grand admirateur de Beckett et de Michaux se déroulent dans un univers poétique, où légèreté et humour sont toujours garantis, et la lecture est toujours jubilatoire.