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Collectif F71

France

Présentation

« Quand des gens suivent Foucault, quand ils sont passionnés par lui, c’est parce qu’ils ont quelque chose à faire avec lui, dans leur propre travail, dans leur existence autonome.Ce n’est pas seulement une question de compréhension ou d’accord intellectuel, mais d’intensité, de résonance d’accord musical.»
Gilles Deleuze, Pourparlers

Le collectif F71 réunit les cinq comédiennes et metteures en scène Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis et Lucie Nicolas, co-directrices artistiques et Thérèse Coriou, directrice de production.

Le processus de leur travail est réellement collectif à chaque étape de sa réalisation.

Le collectif F71 s’appuie sur l’œuvre et la figure du philosophe Michel Foucault pour construire un feuilleton théâtral en trois volets.

Après Foucault 71, portant sur l’engagement militant en 1971 du philosophe et La prison, sur l’institution carcérale et les stratégies disciplinaires qui en découlent, le collectif F71 crée en janvier 2011 Qui suis-je maintenant ? à partir du texte La vie des hommes infâmes et joue l’ensemble du triptyque au Théâtre de l’Aquarium.

En 2005, se sont joints au collectif F71 : Frank Condat, régisseur et éclairagiste, Daniel Lévy, collaborateur lumière, vidéo et scénographie. À l’occasion de la création de Qui suis-je maintenant ? en 2010-2011, le collectif collabore avec Fred Costa (musicien et interprète), Denis Gobin (éclairagiste, collaborateur à la scénographie), Magali Murbach (costumière) et Estefania Castro (assistante à la mise en scène).

En 2009, le collectif a reçu le prix du jury Odéon-Télérama (Festival Impatience) pour le premier volet.

Pourquoi un collectif ?

« Nous ne nous sommes pas constituées en collectif pour affirmer un geste politique fort dans le monde théâtral ou pour rejeter l’organisation classique d’une équipe regroupée autour d’un metteur en scène porteur de projet. Nous continuons chacune de travailler par ailleurs en tant que comédiennes ou metteures en scène. Le fait même de se qualifier de collectif et de se donner un nom n’est venu qu’assez tardivement, après la création du premier spectacle. Chacune a rejoint les autres pour des raisons singulières, et c’est au fil du travail que notre organisation collective s’est révélée. Ce sont donc plutôt des choix artistiques qui nous ont menées au collectif et parmi ceux-ci :

- Le plaisir de partager la responsabilité de la création.

- L’envie de changer de fonction mais pas de manière univoque : nous n’isolons pas une metteure en scène assignée à une place de direction, les rôles s’échangent constamment de sorte que chaque décision scénique, dramaturgique ou d’interprétation relève d’une concertation collective.

- L’envie de mêler ses idées à celles des autres : dans le collectif, tout circule. Nous rebondissons sur les propositions des unes pour se les approprier et les transformer. Pour finir, elles sont passées par tant de mains qu ‘elles appartiennent à tout le monde. Pour autant ce travail collectif n’est pas une uniformisation, mais plutôt une prolifération, une accumulation. Nous continuons à comprendre les choses de manières différentes, nous n’avançons pas au même rythme, nous partons dans des directions opposées, nous restons des individus singuliers. L’énormité de ce travail de mise en commun remplace la présence d’un dramaturge, d’un metteur en scène qui surplomberait le travail. Les spectacles que nous créons en collectif sont donc très différents de ceux que nous créons ou aurions créé seules.

Nous ne voulons pas dire qu’il n’y a pas de raison ni de résonance politique à se constituer en collectif. Ces raisons existent et elles ont sans doute participé à notre engagement individuel dans le collectif. Cette forme de travail est en soi un geste politique. Ce n’est pas une volonté préexistante et consciente qui a déterminé notre regroupement. Par contre, nous avons résolument fait le choix de le faire perdurer.

Enfin, si ce collectif s’est constitué, c’est aussi et surtout que nous partageons des interrogations communes qui ont trouvé un écho dans la pensée de Michel Foucault. Ces textes que nous ne connaissions pas, ressurgis des années 70, nous ont frappées par leur résonance avec notre actualité, par leur capacité à questionner le réel.

Á 30 ans d’écart, ces textes parlaient de nous. Nous avons eu l’impression qu’ils nous étaient adressés : la pensée de Foucault n’est pas dogmatique, mais fonctionne comme une boîte à outil, chacun peut s’en saisir, la prolonger et en faire usage dans son domaine.

Foucault cherche à « faire apparaître ce qui est si proche, si immédiat, si intimement lié à nous-mêmes, et qu’à cause de cela nous ne le percevons pas ». Il démonte une connaissance, cherche à comprendre comment se construit un point de vue. Il nous donne des clés pour interroger nos propres manières de voir. Réveiller le regard, c’est bien redonner à chacun la part active qu’il peut prendre au monde. Cette question du regard traverse aussi la représentation dans le lien sensible qui se tisse entre acteurs et spectateurs. C’est à ce point précis de la pensée de Foucault que nous nous sommes attachées. Notre désir a été de hisser ces textes et plus généralement cette pensée dans le champ du théâtre.

Même si son écriture revêt une certaine théâtralité, même si Foucault a l’art de mettre en scène sa pensée au fil de ses livres, même si son sens de l’espace est quasi-scénographique, son œuvre appartient au domaine de la philosophie, de l’histoire, des sciences sociales. Il s’agit pour nous de sortir cette matière de son domaine scientifique et de la passer au crible de la théâtralité. Le théâtre est d’abord notre outil d’appréhension d’une œuvre. Mais c’est aussi le lieu qui va déplacer, transformer cette matière, la frotter à des espaces de pure poésie, l’incarner, faire en sorte qu’elle ne soit pas seulement intelligible mais sensible.

Il se trouve que les formes d’engagement auxquelles a participé Foucault coïncident étonnamment avec le fonctionnement de notre collectif. Il y a vraisemblablement une porosité entre notre matériau et l’acte de création qu’il génère.

Depuis 2004, notre intérêt pour Foucault ne s’est pas émoussé. Au contraire, nous avons toujours envie d’explorer d’autres facettes de cette pensée. Au fur et à mesure que nous nous l’approprions, nous en faisons un usage de plus en plus subjectif. »

Le collectif F71

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