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Benjamin Knobil

Suisse

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Présentation

Benjamin Knobil, est né à Paris en 1967. Français par sa mère originaire d’Oran en Algérie française, et Américain par mon père né à Berlin en Allemagne.
L’anglais est sa langue maternelle, parfaitement bilingue, « le français ne cessera jamais de m’étonner » nous dit-il. Il passe sa jeunesse entre Londres, Paris, Bruxelles et Valenciennes.
Après son baccalauréat, il vit à Paris où il fait parallèlement des études d’histoire à la Sorbonne et de théâtre à l’école « Théâtre en Actes » dirigée par Lucien Marchal de 1986 à 1989.
Après son diplôme, il travaille comme comédien, assistant, sonorisateur et metteur en scène. Il assiste et joue dans toutes les productions d’Agathe Alexis, à Paris, entre 1989 et 1992.
Dès 1993, il participe à des stages dirigés par Peter Stein, Lev Dodine, Luca Ronconi, Yannis Kokkos, Joël Pommerat, Catherine Anne, Stanislas Nordey, Hervé Pierre, Jean-Louis Hourdin, Dan Jemmet et Marc Liebens.



Il arrive en Suisse en 1992, au hasard d’une rencontre avec Geneviève Pasquier. Il créé sa compagnie de théâtre en 1993 appelée « nonante-trois » et non quatre-vingt treize pour affirmer son refus du franco-centrisme parisien. Depuis, il a créé plus d’une vingtaine de spectacles avec ou sans sa compagnie en Suisse et en France tout en poursuivant une carrière d’acteur.

Une aventure artistique,
Un plaisir exigeant…

Le premier ressort de son travail est le plaisir. Avec «la compagnie nonante-trois», il s’est toujours efforcé d’avoir une démarche vivante et curieuse du monde, qui vise à traiter au théâtre les thèmes de la sauvagerie sociale, de l’angoisse métaphysique et de l’onirisme. C’est la confrontation entre les désirs des personnages et la réalité qui intéresse Benjamin Knobil. Les héros de son théâtre sont des cabossés, des inadaptés, ahuris devant l’iniquité de la société qui se posent la question du sens de leur existence face à un monde qui les rejette. Cette inadéquation provoque simultanément le drame et le rire. C’est ce mélange de tragédie et de burlesque qui créé selon lui le plaisir et la jubilation du spectateur.

Un théâtre des sens…

Une de ses constantes est le choix d’acteurs vivants et sensuels. Par leur présence, les comédiens sont pour lui porteurs de performance, de spectacle et surtout de sensualité dans son sens premier.
Il veut que le spectateur ressente d’abord physiquement l’action. Sa volonté est que la compréhension des situations passe d’abord par un ressenti, par le ventre, et arrive ensuite à la pensée. Il s’efforce de laisser le spectateur seul avec ses sensations et essaie toujours de le surprendre dans le but de lui faire lâcher ses préconceptions déjà établies.

« J’aime mettre le public en état d’enfance, d’étonnement et par là même, qu’il se laisse aller et surprendre... »

Un théâtre d’aujourd’hui…

Son travail est résolument axé sur les textes contemporains, tout en aimant avec plaisir revisiter parfois les grands classiques. Il a écrit une quinzaine de pièce de théâtre dont:

  • Les magichiens (jeune public)
  • Au Loup ! (jeune public)
  • Un Plat de Résistance
  • Médée
  • Capitaine Cancer
  • La souris se fait la belle (jeune public)
  • Vétérans (ou une baleine dans ma baignoire)
  • Dans l’œil du cétacé
  • Boulettes, qui reçoit le prix « Textes en scène » 2008 organisé par la SSA.
  • "Bouffons de l'Opéra" opérette
  • "Love on the (Mega) Byte, opérette
  • "Neil", éditions BSN

Il a également adapté pour la scène des romans et des pièces de théâtre:

  • Crime et châtiment"' de Dostoievski
  • Le Cid de Molière
  • Grand Théâtre de Jean Giono
  • Enfin la fin de Peter Turrini
  • Truismes de Marie Darrieussecq
  • Dehors devant la porte de Wolfgang Borchert
  • Les aveugles de Maurice Maeterlinck
  • Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac
  • Enquête-90 Minutes Textes d’Hérodote, A. Londres, R. Kapuscinski, A Nivat, J. Hatzfeld, L. Bodard
  • Ainsi s’épanouissent les Hamsters de Nicolas Kolly
  • Le Marchand de Venise de Shakespeare
  • Solo le Bègue et "le Petit livre des Casseurs" de Max Fullenbaum (jeune public)
  • L’incroyable aventure du docteur Spray de Dominique Bianchi (jeune public)
  • Pierre de Feu de Dominique Bianchi (jeune public)

Une attention pour le jeune public…

Dans son parcours, il a toujours eu un attachement pour le théâtre pour enfants.

« C’est un vivier de public à chérir et cultiver, qui a vocation à être l’âme et la base du théâtre de demain ! »

Une transmission…

Il est important pour lui d’avoir une activité de formateur ; c’est un acte de plaisir et d’expérimentation.

Il collabore avec l’Ecole du théâtre des Teintureries à Lausanne, le conservatoire de Fribourg et de Genève

Il met en scène « Talking cure » de Christopher Hampton en 2007. Outre trois comédiens professionnels, quatre étudiants en psychologie épatants jouent avec toute leur fougue les rôles secondaires.
Ce stage-théâtre était organisé dans le cadre du cours M Kaj Noschis « Introduction à la psychologie de C.G. Jung : théorie et clinique ». La première a lieu à la Grange de Dorigny à l'occasion du colloque de psychologie « Qui a peur de Sabina Spielrein ? ».
Voir le site de la Grange de Dorigny http://www.grangededorigny.ch/page37680.html

Il a donné des cours à l’Ecole Théâtre en Actes à Paris, ainsi qu’à l’Ecole de Théâtre de Martigny pour des enfants, des adolescents, des amateurs et des apprentis comédiens avec qui il a monté cinq spectacles.

Dans ses productions professionnelles, il est également important pour lui d’engager des stagiaires, de jeunes assistants ou comédiens pour leur donner une expérience concrète du métier.

Un théâtre musical…

Son travail fait souvent l’étonnement des danseurs et des musiciens par sa rigueur chorégraphique et rythmique. Il a une solide formation de guitariste classique (12 ans, ainsi que des stages internationaux) et de chant lyrique (10 ans), ainsi qu’une formation sur le tas de créateur de bandes son pour le théâtre. Parmi ses spectacles musicaux :

  • Poèmes pour l’an 2000 de Robert Caron (avec l’ensemble inter contemporain de Boulez)
  • La souris se fait la Belle pour Sautecroche de Benjamin Knobil
  • La pêche à la baleine et autres chansons humides, tour de chants de Benjamin Knobil
  • L’opéra de quat’sous de Brecht
  • Jeanne et Hiro de Richard Dubugnon
  • Les trois baisers du diable d'Offenbach
  • La Citadelle de verre de Christin et Bilal, musique Louis Crelier,
  • Les clochards Célestes du Rebetiko de Benjamin Knobil et Francesco Biamonte

Une mise en scène est toujours pour lui un mécanisme d’horlogerie où chaque signe ou mouvement doit être parfaitement calibré de peur de gripper le mécanisme de la comédie.

Un théâtre populaire…

Il a pour ambition de faire du théâtre pour tous, avec le souci de chaque fois proposer du spectacle. Avec des pièces ayant toujours des enjeux et des structures d’apparences simples et dépouillées, servies par des acteurs puissants et charnels. Ses spectacles sont simplement directs. Par des situations concrètes, ils parlent de la vie ressentie, des choses non avouables, des contradictions inhérentes à la nature humaine. C’est cet endroit-là qui l’intéresse : celui où l’instinct et l’animalité se confrontent à la raison.

« En « grattant » à cet endroit, on quitte toute forme de moralité, car le conflit entre la nécessité et l’intellect est toujours marécageux… et drôle ! »

Dans ses mises en scène, c’est l’humour qui permet de rire et de jubiler du tragique. Cela déclenche cette petite distance indispensable qui donne du plaisir et de l’émotion.

Un spectacle d’un bout à l’autre…

« …Pour moi le spectacle commence dès qu’on pousse la porte du théâtre. »

Cette mise en condition peut aussi prendre des formes et des allures plus surprenantes. Par exemple, pour son spectacle les Hamsters, le public se voyait remettre dès l’entrée une blouse blanche de chercheur.
On trouvait à l’intérieur de cette blouse un stylo ainsi qu’un bloc de papier. Les gens se voyaient invités à se vêtir et à prendre des notes pendant la représentation. Les commentaires les plus percutants du public étaient mis en ligne le soir même…

Pour Un Plat de Résistance, après les représentations, ils servaient des plats cuisinés avec des produits locaux qui étaient présentés par les artisants de bouche qui les avaient eux-mêmes produits.
« Cela permet une rencontre joyeuse autour d’une table avec chaque spectateur ! Une manière festive et conviviale pour faire directement connaissance avec le public autour d’un spectacle vif et gastronomique. »

Des débats et des rencontres sont proposés avec les artistes à l’issue des spectacles chaque fois que c’est possible.
Max-Olivier Bourcoud, de la swiss Cetacean Society, est intervenu pour « Dans l’œil du cétacé ».

Un théâtre qui soit aussi citoyen…

En étant fortement ancré et à l’écoute de la Cité, le théâtre peut être ce forum indispensable de découverte et de débat autour de la chaleur d’un spectacle.

Lorsque Benjamin Knobil attaque au scalpel les causes universelles des haines et des racismes: l'ignorance, l'injustice et surtout l'appât du gain, il monte «Le marchand de Venise», tragi-comédie virevoltant entre masques et travestissements montrant avec gravité et humour une société qui se corrompt avec ses propres valeurs !

Benjamin Knobil s’est toujours résolument engagé dans l’idée d’un théâtre pour tous, c’est-à-dire un lieu et des spectacles qui ne soient pas seulement pour ceux qui ont déjà un bagage culturel.
Il lui est important d’ouvrir la frontière entre la scène et la Cité.

Avec sa compagnie, il a collaboré avec des populations exclues du champ culturel commun, tels des enfants défavorisés, des cas sociaux, des aveugles, des sourds, des toxicomanes.
Ce travail concret a permis de dialoguer de manière festive avec le public de populations trop souvent ignorées ou de problèmes de société, et ce, sans moralisme.

Il collabore durant trois ans et trois spectacles avec la FSS (Fédération Suisse des Sourds).
Dans le spectacle « Les aveugles », outre un programme en braille, le spectateur malvoyant trouvera dans le hall du théâtre, prêtes à être touchées et manipulées, une maquette du décor ainsi qu’une poupée miniature habillée à l’identique avec le même tissu que les personnages. Une fois assis dans la salle, une description parlée de la scénographie sera lue avant le début du spectacle permettant aux non voyants d’imaginer précisément le décor et l’espace. Ainsi, tous « verront » le même spectacle. A la fin de la représentation, une visite guidée dans le décor sera proposée par les acteurs.

Pour les spectateurs malentendants, toutes les représentations seront traduites en langue des signes. L’année dernière, pour le spectacle « Dehors devant la porte », trois représentations traduites et interprétées avec force et émotion en langue des signes par Catherine Deletra et Pascal Boussac ont eu lieu. Le résultat fut surprenant et captivant pour tous, entendants et malentendants. C’était une première en Suisse Romande. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, il n’y avait donc aucune raison de ne pas recommencer !

Comme dans la Grèce antique, le théâtre reste pour Benjamin Knobil, un forum, ou tous les habitants se retrouvent, de visu, pour parler de la vie de la cité. Se voir, se parler, se signer, se sourire. Il voudrait que sourds et entendants puissent à nouveau, l’espace d’une représentation, briser le mur du silence et donner à voir la richesse de la langue des signes.

Le spectacle « Victor ou les enfants au pouvoir » est sous-titrée en langue des signes à chaque représentation.
« Ce n’est pas parce qu’on est sourd et aveugle qu’on ne voit rien et qu’on n’entend rien au théâtre ! » nous dit-il dans sa

« lettre aux sourds et aux aveugles » 

http://benjamin.knobil.free.fr/media/lettre_aux_sourds_et_aveugles.pdf
Dans le dossier du spectacle « Les Aveugles ».

Le théâtre a toujours été pour lui un dialogue citoyen et direct avec la société qui le produit. Son travail continu d’association avec le tissu social local est une occasion de rappeler que le théâtre peut être socialement et économiquement utile.

Une expérience de gestionnaire
Gérer l’argent public

Travailler avec de l’argent public est pour lui une responsabilité morale et civique.
Si les créateurs peuvent s’exprimer, c’est grâce à l’argent des contribuables. Sur toutes ses productions, il s’est toujours honoré de n’avoir jamais fait de déficit. Il considère que le principe même de prendre la direction d’une structure est d’en être publiquement responsable, moralement et financièrement.
Travailler dans une enveloppe définie lui est un devoir. La notion de partenariat et surtout de contrat moral et écrit avec les financiers du théâtre est impérative. Dans sa carrière, il s’est souvent retrouvé en position de gérer des budgets complexes et imposants, parfois sans administrateur, requérant prospective, souplesse dans la rigueur et sens aigu des relations humaines.

« Je me suis toujours engagé dans mes projets par rapport à une surface financière réelle et acquise, bien en amont du début concret de réalisation. Cela permet, en phase de préparation, d’être réactif en permanence pour redimensionner un projet, en plus grand ou en plus modeste, suivant son évolution. Un projet abouti consiste en une préparation qui a été menée avec soin dans tous ses détails, jusqu’aux plus triviaux. »

On ne peut être un bon capitaine sans une bonne équipe dit-il. Il lui est impératif d’établir une dynamique motivante avec tous ses collaborateurs autour d’un projet fort et cohérent.

« Mettre en œuvre un esprit de confiance, d’écoute et de clarté où tous les collaborateurs trouvent toujours une oreille attentive et une porte ouverte.
Chacun avec son talent et ses compétences valorisées et reconnues, assure le succès d’une réalisation. »

Propos recueillis par Claire Betti www.projest.ch

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