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Une nuit arabe


: Une Nuit arabe

par Frédéric Bélier-Garcia

Une nuit d’été, chaude et moite, dans une tour, au milieu d’une cité quelconque... Et, comme on dit, « des gens ».
Comme tous les soirs, Fatima doit attendre que Vanina, sa colocataire de l’appartement 7-32, s’endorme pour inviter son ami Khalil à la rejoindre. Mais sous sa douche, Vanina ne se souvient plus de ce qu’elle a fait de sa journée. Pierre, qui la voit de sa fenêtre, aimerait tant l’embrasser. Quant au concierge, Lemonnier, il voudrait bien savoir, en son sous-sol, pourquoi l’eau ne monte plus au-delà du septième étage.
A quoi pensent «les gens» ? D’abord à ce qu’ils font bien sûr.
Comment ouvrir sa porte les mains pleines de sacs à provisions ?
Comment sortir d’un ascenseur en panne ? Et pourquoi l’eau s’arrête-t-elle au septième étage ? Mais ce monde pratique, technique, guetté par la panne et en mal d’irrigation, va plonger, au détour d’un baiser, dans une nuit hallucinée (ou cauchemardesque), où l’on peut être emporté par un vent de sable au fond de son couloir, ou être englouti dans une bouteille de Cognac, comme les djinns des contes orientaux.
«Le désert croît, malheur à qui recèle des déserts». Notre modernité essoufflée ou assoiffée, est ici comme hantée et rattrapée par un fond archaïque ou fantasmagorique, qui a la couleur passée des « Mille et une Nuits ».
Deux femmes, trois hommes et une tour d’habitation. Autant d’atomes qui se poursuivent, se croisent, s’entrechoquent, essayant désespérément d’accoler leurs désirs, de semer leurs solitudes et rendre leurs destins moins anonymes que la moquette crème de leurs salons identiques.
Un baiser pourrait suffire. Mais comment trouver les bonnes lèvres dans le dédale de ces couloirs-ascenseur-trois-pièces-cuisine et des petites pensées concrètes, inutiles et obsédantes que nous y sécrétons ?
Roland Schimmelpfennig a composé une partition pour voix, désirs et courses absurdes, aussi cocasse qu’intrigante sur l’épopée amnésique de notre quotidien, une ritournelle de l’éternel retour...
Aussi superficielle que profonde. Pourvu qu’on sache se perdre en ses méandres spaciaux et temporels. Même si, ici comme ailleurs chacun devient irrémédiablement ce qu’il est, encore faut-il bien courir !
Pourquoi notre désir ne monte plus au septième ?

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