theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Sozaboy (Pétit Minitaire) »

Sozaboy (Pétit Minitaire)

d'après Sozaboy de Ken Saro-Wiwa
mise en scène Stéphanie Loïk

: A PROPOS DE SOZABOY

Sozaboy met en scène un adolescent de quatorze-quinze ans, doué d’un appétit sans pareil, d’une faconde et d’un regard naïf impayables. Pour le prestige de l’uniforme, mais aussi pour son malheur, il va s’engager dans l’armée. Sans savoir pour qui il va combattre, ni contre quel ennemi, ni pour défendre quelle cause, Méné se retrouve emporté par le courant d’une guerre (celle du Biafra, jamais explicitement nommée). Après trois années d’épreuves qui vont le broyer, il aura perdu sa mère, son épouse, sa maison, son village, jusqu’à son image, puisqu’on le prendra pour un fantôme. Reste la vie et le regard étonnant qu’il porte sur elle.



Sozaboy est l’un des grands chefs-d’œuvre de la littérature africaine. Ce roman tient sa force de la langue choisie par Ken Saro-Wiwa « un anglais pourri », mélange de pidgin, d’anglais dégradé ou idiomatique, d’emprunts aux langues nigérianes et de créations dont la traduction française rend parfaitement compte.
Originale et bouleversante, voici l’une des plus efficaces dénonciations de la guerre et de ses folies.



L’auteur, Ken Saro-Wiwa, s’abstient de tout commentaire, de toute explication, de tout jugement : comme dans un texte théâtral, dans un long monologue, il délègue totalement à son personnage le regard et la parole sur ce terrible conflit, auquel celui-ci ne comprend pas grand-chose. Aussi Pétit minitaire a la dimension d’une figure humaine et particulièrement pathétique : il n’est pas en état de prendre distance par rapport aux événements qu’il vit dans son corps. Il les vit avec son cœur de fils aimant, parti contre le gré de sa mère, avec son cœur d’amoureux de sa toute jeune femme Agnès, restée au village.
Enfin, il les vit et il les rapporte à partir de la langue qui est la sienne.
Ce que Ken Saro-Wiwa compose, c’est bien la tragédie de la dépossession de soi, de son destin, et surtout des siens. Jamais Sozaboy n’apparaît comme partie prenante dans ce conflit. Il n’est pas concerné par ces enjeux politiques dont il n’a apparemment aucune conscience.
Jusqu’au bout il a voulu croire en son avenir auprès d’Agnès et de sa mère, jusqu’au bout, il a rejeté (héroïquement, innocemment) la tentation du désespoir.
Tragédie d’un monde sans dieu car, ici, le sacrifice n’a pas de sens et donc n’a rien de sublime. Il demeure obscur et absurde.
Comme dans la tragédie antique, les dés sont pourtant jetés dès la première phrase :


Quand même, chacun était heureux à Doukana d’abord.


Et comme dans une tragédie, le héros est soumis, impuissant à l’accomplissement progressif de la prophétie.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.